Gaza : Tsahal annonce le décès d'une soldate otage du Hamas, la situation s'aggrave à l'hôpital Al-Shifa
- Avec AFP
Des tanks israéliens sont massés aux portes du principal hôpital de Gaza, considéré comme un repaire stratégique du Hamas. Le mouvement palestinien a accusé Netanyahou de «tergiverser» dans les négociations pour la libération d'otages.
L'armée israélienne a annoncé le 14 novembre la mort de Noa Marciano, une soldate de 19 ans otage du Hamas à Gaza, au lendemain de la diffusion par le mouvement islamiste d'une photo la présentant comme «tuée par un bombardement» israélien.
«Le caporal Noa Marciano de la ville de Modiin (...) est déclarée décédée par l'armée. Elle avait été enlevée par l'organisation terroriste Hamas», a indiqué l'armée dans un communiqué, ajoutant avoir informé la famille de la jeune femme. Le 13 novembre au soir, le porte-parole de la branche armée du Hamas, qui se fait appeler Abou Obeida, avait annoncé la mort de la soldate dans la bande de Gaza.
Cette annonce intervient à l'heure où le Hamas accuse Israël de «tergiverser» dans les discussions, via une médiation du Qatar, portant sur la possible libération de dizaines d'otages contre une trêve.
Israël «a réclamé la libération de 100 [otages], nous avons informé la médiation que nous pouvions libérer les otages si nous obtenions cinq jours de trêve – c'est-à-dire un cessez-le-feu et le passage de l'aide vers tous les gens de notre peuple partout dans la bande de Gaza – mais l'ennemi tergiverse», a déclaré le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida.
Le Hamas a «perdu le contrôle» de Gaza-ville, selon Gallant
Le 12 novembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait évoqué l'éventualité d'un accord pour libérer des otages, une condition selon lui à tout cessez-le-feu. Des membres de familles d'otages ont prévu une marche ce 14 novembre de Tel-Aviv au bureau du Premier ministre à Jérusalem afin de faire pression sur lui pour favoriser leur libération.
Le Hamas a «perdu le contrôle à Gaza» et ses combattants «fuient vers le sud» du territoire, a affirmé le 13 novembre le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Selon l'ONU, environ 1,6 des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre.
«Protéger» Al-Shifa
Au moins «179 corps» ont été enterrés dans une «fosse commune» creusée dans le complexe de l'hôpital Al-Shifa, a déclaré son directeur à l'AFP ce 14 novembre, affirmant que parmi eux figuraient sept bébés prématurés, morts faute d'électricité pour les maintenir en vie.
«Nous avons été obligés de les enterrer dans une fosse commune», a rapporté le docteur Mohammed Abou Salmiya. «Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier, et les chambres frigorifiées des morgues ne sont plus alimentées» en électricité car aucune goutte de carburant n'est entrée dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre, a-t-il ajouté.
Selon l'ONU, environ 10 000 Palestiniens (patients, personnel, personnes déplacées par les combats) s'entasseraient sur le site de l'hôpital, voire davantage selon des responsables locaux. «La situation est très grave, c'est inhumain», a alerté Médecins sans frontières (MSF) sur X (ex-Twitter).
Dans ce contexte, «j'espère et je m'attends à des actions moins intrusives à propos de l'hôpital» Al-Shifa, a déclaré, à la Maison Blanche, le président américain dont le pays est un allié clé d'Israël dans son offensive contre le Hamas. Et d'ajouter : «L'hôpital doit être protégé.»
Depuis des jours, les affrontements entre combattants du Hamas et soldats israéliens se concentrent autour d'Al-Shifa, l'armée israélienne accusant le mouvement islamiste palestinien d'avoir installé ses infrastructures dans un réseau de tunnels sous l'hôpital et d'utiliser les malades et les déplacés comme «boucliers humains».
«L'idée est d'essayer d'évacuer des gens, d'en évacuer le plus possible» hors du site de l'hôpital, a indiqué dans la nuit du 13 au 14 novembre un porte-parole de l'armée israélienne, Peter Lerner.
«Nous n'avons ni électricité, ni nourriture, ni eau dans l'hôpital», a raconté un médecin membre de MSF. «Des gens vont mourir dans quelques heures sans respirateurs artificiels qui fonctionnent», a-t-il ajouté, l'armée faisant état de son côté «d'efforts» pour transférer des incubateurs d'un hôpital israélien à Al-Shifa.
Israël frappe sans répit la bande de Gaza depuis l'attaque lancée sur son sol par des commandos du Hamas le 7 octobre, et mène depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but «d'anéantir» le Hamas, au pouvoir sur place.
Du côté israélien, environ 1 200 personnes ont été tuées, selon les autorités, en grande majorité des civils tués le jour de l'attaque. Au début du 39e jour de la guerre, les bombardements israéliens sur Gaza ont tué au total 11 240 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4 630 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.