Attentats du 13 novembre : Salah Abdeslam ne fera pas appel de sa condamnation
- Avec AFP
Le procureur général de Paris Remy Heitz a annoncé le 12 juillet qu'aucun des vingt accusés, parmi lesquels Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible, n'interjettera appel dont le délai expirait le 11 juillet à minuit.
Il n'y aura pas de second procès des attentats du 13 Novembre : Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible, n'a pas fait appel de sa condamnation, ni aucun des hommes jugés à ses côtés pendant dix mois.
«Aucun des vingt accusés n'a interjeté appel», a annoncé le 12 juillet à l'AFP le procureur général de Paris, Rémy Heitz. «Le procureur national anti-terroriste (Pnat) et le procureur général près la cour d'appel de Paris n'ont pas non plus fait appel de cette décision», a-t-il précisé. Le verdict de la cour d'assises spéciale de Paris «a acquis aujourd'hui un caractère définitif et il n'y aura donc pas de procès en appel». Le délai d'appel, de dix jours, expirait le 11 juillet à minuit.
Le choix fait par Salah Abdeslam «ne signifie pas qu'il adhère au verdict et à la peine de perpétuité incompressible qui en résulte, mais qu'il s'y résigne», ont réagi ses avocats, Olivia Ronen et Martin Vettes, dans un communiqué publié sur Twitter.
— Olivia Ronen (@OliRonen) July 12, 2022
Le 29 juin, au terme d'un procès historique, Salah Abdeslam était devenu le cinquième homme en France condamné à la perpétuité incompressible, la plus haute sanction du code pénal, qui rend infime toute possibilité de remise en liberté. «Il n'y a pas d'honneur à condamner un vaincu au désespoir», ont aussi écrit ses avocats. «Si une telle peine est inacceptable, nous respectons la décision de celui que nous assistons», ont complété ceux qui avaient plaidé contre «une peine de mort lente» visant, selon eux, à «neutraliser définitivement un ennemi» et non un homme ayant «évolué» au cours de l'audience.
Un verdict accueilli avec soulagement par les familles des victimes
Pendant le procès, le seul membre encore en vie des commandos djihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis a affirmé avoir «renoncé» à déclencher sa ceinture explosive dans un bar parisien le soir des attentats, par «humanité».
«Je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur», avait soutenu Salah Abdeslam, en présentant ses excuses aux victimes.
Le gilet explosif dont Salah Abdeslam était porteur «n'était pas fonctionnel», remettant «sérieusement en cause» ses déclarations sur son «renoncement», avait répliqué la cour dans son délibéré. Elle a reconnu le Français de 32 ans coupable d'être le «coauteur» d'une «scène unique de crime» : le Stade de France, les terrasses parisiennes mitraillées et le Bataclan.
Au terme de 148 journées d'audience marquées par près de 400 dépositions de rescapés et proches de victimes, le verdict avait été accueilli avec soulagement côté parties civiles. Les 19 coaccusés de Salah Abdeslam (six dont cinq présumés morts étaient jugés en leur absence) ont été condamnés à des peines allant de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité. Mohamed Abrini, l'«homme au chapeau» des attentats de Bruxelles, aussi prévu pour le 13 Novembre, avait été condamné à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
«Il reconnaît le principe de sa culpabilité, et sait qu'il n'a pas été condamné à la peine maximale», a déclaré à l'AFP l'une de ses avocates, Marie Violleau, pour expliquer sa décision de ne pas faire appel. Salah Abdeslam, Mohamed Abrini et trois autres de leurs coaccusés à Paris, doivent être jugés à partir d'octobre en Belgique pour les attentats du 22 mars 2016.
Dans son délibéré à Paris, la cour n'a écarté la qualification terroriste que pour un accusé, Farid Kharkhach, jugé pour avoir fourni de faux papiers à la cellule. Plusieurs de ses coaccusés contestaient eux aussi cette qualification mais elle a été maintenue pour tous les autres. Les peines prononcées ont cependant été globalement plus basses que celles qui avaient été requises par le Pnat, poussant certains avocats de la défense à critiquer des sanctions «politiques» et «tactiques» plutôt que «justes».
«Le message envoyé est "ne faites pas appel car vous allez bientôt sortir" [de prison]», avait dénoncé après le verdict l'avocat Raphaël Kempf, qui avait plaidé l'acquittement pour son client Yassine Atar, condamné à huit ans d'emprisonnement. S'il y a «peu d'appels» formés, cela «donne l'apparence d'une justice bien rendue», avait-il fustigé.
Seules peines prononcées allant au-delà des réquisitions : celles qui visent les accusés présumés morts en Syrie. Les cinq hauts cadres du groupe État islamique, dont le commanditaire des attentats, ont tous été condamnés à la perpétuité incompressible.