«Cette police violente»: des propos de Jean-Luc Mélenchon suscitent l'indignation de Gérald Darmanin
Gérald Darmanin a vivement critiqué les propos du chef de file des Insoumis lors d'une émission sur C8. Face à un syndicaliste policier, Jean-Luc Mélenchon a épinglé une police «violente» et sans contrôle, dont l'action serait un «échec total».
Gérald Darmanin a dénoncé le 28 janvier les propos tenus à propos de la police par Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise à la présidentielle, lors d'un échange tendu sur C8 avec Yannick Landurain, membre d'une brigade anticriminalité (BAC) de Seine-Saint-Denis et délégué syndical Unité SGP Police.
«Les attaques haineuses et systématiques de Jean-Luc Mélenchon contre les femmes et les hommes du peuple que sont les policiers, loin d’être des anecdotes politiciennes, sont en fait des attaques ad hominem contre la légitime autorité de la République», a twitté le ministre de l'Intérieur.
Les attaques haineuses et systématiques de @JLMelenchon contre les femmes et les hommes du peuple que sont les policiers, loin d’être des anecdotes politiciennes, sont en fait des attaques ad hominem contre la légitime autorité de la République.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 28, 2022
Dans l'émission Face à Baba de Cyril Hanouna, le chef de file des Insoumis a déclaré ne pas aimer «cette police violente, cette police qui a éborgné 32 personnes sans qu'il n'y ait un seul coupable, cette police qui a tué une femme qui était au 4e étage à Marseille, cette police qui fait ce qu'elle veut quand elle veut». Jean-Luc Mélenchon a également dénoncé «une corporation qui s'autocontrôle» ou encore une «IGPN [inspection générale de la police nationale] composée de policiers».
«Ceux qui parmi vous se sont couverts d'opprobre et ont ridiculisé la police par des comportements personnels, racistes ou autres, seront expulsés de la police nationale», a promis le candidat dans le cas où il accèderait au pouvoir, accusant directement le syndicaliste d'avoir blessé un lycéen avec une paire de ciseaux. «Vous obéirez», a également lancé l'Insoumis, jugeant que «l'action de police est un échec total».
«Votre caricature, personne n'y croit», lui a répondu Yannick Landurain, dénonçant les «amalgames» de Jean-Luc Mélenchon au terme d'un échange musclé. Le syndicaliste a ensuite reçu les remerciements, sur Twitter, de Grégory Joron, secrétaire général d'Unité SGP Police, pour avoir défendu la police face à un Mélenchon «agressif et caricatural». «Sang-froid et respect : c'est le flic de terrain qui surpasse le candidat à la présidentielle», a-t-il ajouté.
Quelles propositions des Insoumis pour la police ?
Au-delà de cette énième polémique opposant Jean-Luc Mélenchon et les forces de l'ordre, que propose LFI en matière de police et de sécurité ? Interrogé par RT France, le responsable de ces questions au sein du mouvement, le député Ugo Bernalicis, avait indiqué que le mouvement prévoyait effectivement de supprimer les BAC, afin de porter l'effort sur la police judiciaire, en «très grave difficulté», et de «réinstaller le corps des inspecteurs de police». Selon l'Insoumis, la «police de proximité doit redevenir le socle» de l'action des forces de l'ordre, tout en prévoyant une suppression des contrôles d'identité, sauf en cas de flagrance.
Concernant le maintien de l'ordre en manifestation, les Insoumis entendent aller vers une désescalade, avec la suppression des lanceurs de balles de défense en manifestation, mais également des grenades, puisque «les policiers ne seraient plus là pour maintenir l'ordre, mais pour permettre la manifestation», avait expliqué le député du Nord.
Pour mettre fin à l'«autocontrôle» de la police, via l'IGPN, dénoncé par Jean-Luc Mélenchon en plateau, l'Inspection générale de l'administration prendrait le relais, avec «un contrôle externe [...] exercé par le Défenseur des droits avec les moyens humains nécessaires». Les Insoumis proposent aussi la fermeture des centres de rétention administrative (CRA), ainsi que la légalisation du cannabis, afin de réorienter les moyens vers la lutte contre la délinquance financière. Ugo Bernalicis avait enfin annoncé la fin des primes de performance et de rendement exceptionnel pour les commissaires et les officiers, la fin des armes portées hors service et du «pognon pour les risques psycho-sociaux» en police, profession touchée de plein fouet par un taux de suicide alarmant.
Invité sur BFM TV le 28 janvier, le député Adrien Quatennens a tenté d'apporter une vision plus apaisée des positions du mouvement, en précisant que LFI ne reprenait par exemple pas le slogan «Tout le monde déteste la police». Selon lui, «ce ne sont pas les policiers eux-mêmes qui sont en cause», mais «d'abord les donneurs d'ordre, la hiérarchie, et la doctrine qui est employée».