Miss France «sexiste» et «discriminatoire»? Une association féministe attaque le concours en justice
- Avec AFP
Pour Osez le féminisme, le concours Miss France ne respecte pas le Code du travail et se livre à des discriminations. L'association souligne que le recrutement se base notamment sur des critères liés «aux mœurs» et au physique.
Les critères de recrutement des candidates à l'élection de Miss France sont «discriminatoires», affirme une association féministe, qui a annoncé le 18 octobre avoir saisi la justice prud'homale, estimant que ce concours «sexiste» violait le droit du travail. Les aspirantes doivent mesurer au moins 1,70 m, être célibataires et «représentatives de la beauté».
L'association Osez le féminisme, ainsi que trois femmes qui affirment avoir dû renoncer à se présenter au concours car elles ne satisfaisaient pas aux critères exigés par les organisateurs, ont décidé «d'attaquer en justice» la célèbre émission, diffusée chaque année en décembre par TF1.
La procédure, intentée devant le conseil des prud'hommes de Bobigny, vise les sociétés Miss France et Endemol Production, a précisé l'association dans un communiqué. «[Endemol] utilise des femmes pour fabriquer un programme audiovisuel extrêmement lucratif tout en bafouant le droit du travail», estiment les requérantes.
Les candidates à la couronne de beauté ne signent certes aucun contrat de travail avec les organisateurs du concours. Mais leur relation avec Endemol doit bien s'analyser comme celle liant un salarié à son employeur, selon l'association, qui s'appuie sur une jurisprudence de 2013, concernant le concours «Mister France».
Or, le Code du travail interdit, dans un recrutement, tout critère lié «aux mœurs, à l'âge, à la situation de famille ou à l'apparence physique», a expliqué à l'AFP Me Violaine De Filippis-Abate, l'avocate d'Osez le féminisme.
Miss France, une «caricature archaïque» ?
En conséquence, les requérantes demandent aux prud'hommes de condamner les organisateurs du concours à supprimer de leur règlement ces clauses discriminatoires, comme celles interdisant de fumer en public, ou de porter des tatouages visibles ou des piercings.
Dans son «rapport annuel sur l'état des lieux du sexisme en France», en 2019, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), une instance consultative chargée de conseiller le gouvernement, avait lui-même qualifié le concours Miss France de «caricature archaïque». Il avait dénoncé notamment l'exigence faite aux candidates d'être célibataires et sans enfant, et même de ne jamais avoir été mariées. Interrogée par l'AFP, la société Miss France a refusé de réagir dans l'immédiat à cette procédure.