Demande de moratoire sur la 5G : le gouvernement accuse les écolos de «refuser le progrès»
Un mois et demi après que l'Assemblée de Corse a voté un moratoire sur l'arrivée de la 5G sur l'île, 70 élus de toute la France demandent au gouvernement «un débat démocratique décentralisé sur la 5G» avant sa mise en service dans le pays.
Près de 70 élus de gauche et écologistes, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou encore le maire de Marseille Michèle Rubirola, ont demandé au gouvernement, dans une tribune publiée le 12 septembre dans le JDD, un moratoire sur le déploiement en France de la 5G, soit une suspension provisoire du projet afin qu'il fasse l'objet de débats.
Ces nouveaux maires écolos sont dans une position [...] de refuser le progrès d'une certaine manière
L'exécutif a répondu dès le lendemain, par la voix du ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester. «Nous devons vérifier toutes les conséquences éventuelles de la 5G, mais nous ne devons surtout pas refuser le progrès [...] C'est ce qu'on voit depuis plusieurs jours et semaines avec ces nouveaux maires écolos qui sont dans une position très idéologue, très sectaire, une position de refuser le progrès d'une certaine manière», a-t-il déclaré à l'antenne d'Europe 1.
La décision du gouvernement d'attribuer les fréquences dès septembre intervient «sans étude d'impact climatique et environnemental ni aucune consultation publique préalable», avaient pour leur part déploré les signataires de la tribune.
«Nous, maires et élus, proposons dans l'immédiat un moratoire sur le déploiement de la 5G au moins jusqu'à l'été 2021 [ainsi que la] tenue d'un débat démocratique décentralisé sur la 5G et sur les usages numériques [...] Nous demandons que la priorité soit donnée à la réduction de la fracture numérique, à travers le développement de la fibre en zone rurale et en finalisant le déploiement de la 4G», peut-on encore lire dans le texte.
L'initiative intervient près d'un mois et demi après que l'Assemblée de Corse, sous l’impulsion de son président Jean-Guy Talamoni, a voté une demande de moratoire sur le déploiement de la nouvelle génération de téléphonie mobile sur l’île de beauté. «Il ne s’agit pas de s’opposer par principe à la 5G. Il s’agit simplement de réclamer le droit pour les élus d’avoir tous les éléments d’appréciation pour prendre position sur cette nouvelle technologie», avait alors expliqué Jean-Guy Talamoni, affirmant ne pas vouloir que les élus soient «à la remorque de décisions prises par l’industrie».
Ainsi que le décrit le magazine Numerama, la 5G correspond à la cinquième génération des standards en matière de téléphonie mobile. Elle doit notamment permettre d'«apporter des débits plus importants, mais aussi un temps de latence bien plus faible qu’aujourd’hui», et pourra «supporter énormément de connexions en simultané».
Comme le souligne l'agence Reuters, les enchères destinées à attribuer des fréquences mobiles 5G aux opérateurs télécoms français doivent débuter le 29 septembre et devraient rapporter au moins 2,17 milliards d’euros à l’Etat.
«Bouygues Telecom, Orange, Free et SFR ont déjà obtenu chacun des fréquences lors d'une première partie du processus d’attribution, la deuxième partie, dans le cadre d’enchères, devant permettre d’attribuer le solde des fréquences disponibles», précise l'agence de presse américaine.