«Il n'est pas normal qu'elle n'ait jamais été reçue» : Dupond-Moretti s'exprime sur Assa Traoré
La soeur d'Adama Traoré va-t-elle trouver un allié dans son combat en la personne du nouveau ministre de la Justice ? Eric Dupond-Moretti a, en tout cas, donné son avis sur le traitement judiciaire de cette affaire.
Le Canard enchaîné du 15 juillet révèle que le nouveau ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a profité du premier séminaire gouvernemental qui s'est tenu quatre jours plus tôt à Matignon pour évoquer la situation d'Assa Traoré lors de la présentation de sa feuille de route ministérielle.
Dans l'exposé de sa vision du système judiciaire, le nouveau garde des Sceaux a déclaré : «Il faut que les victimes soient reçues chez le juge.» Et pour illustrer ce propos, «au grand étonnement de ses collègues», écrit le journal satirique, Eric Dupond-Moretti aurait alors pris la défense d'Assa Traoré en plaidant : «Quand la sœur d'Adama Traoré se plaint de n'avoir jamais été reçue par le juge depuis le début de l'affaire, c'est-à-dire depuis quatre ans, elle le fait à juste titre. Il n'est pas normal qu'elle n'ait jamais été reçue.»
Peu après avoir évoqué la sœur d'Adama Traoré et devant la surprise affichée de ses collègues, sans doute dans un souci d'équilibre, Eric Dupond-Moretti aurait ensuite plaidé pour «la fermeté face à ceux qui sont condamnés pour des actes de délinquance, pour avoir cassé, abîmé les lieux privés ou publics».
Adama Traoré est mort, à l'âge de 24 ans, peu après son interpellation par les gendarmes, le 19 juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise (Val d'Oise). La famille du jeune homme dénonce une «bavure» et mène une bataille judiciaire pour obtenir la vérité sur les circonstances de son décès. Les défenseurs des gendarmes, à l'image de Marion Maréchal Le Pen qui s'est exprimée sur ce sujet, estiment qu'Adama Traoré était un «délinquant» et qu'il est mort dans une circonstance «accidentelle», liée à son état de santé fragile.
Le 13 juillet, en visite dans un centre éducatif fermé pour mineurs délinquants, Eric Dupond-Moretti a échangé avec des «gamins déchirés par la vie», qu'«il faut aider» de son point de vue. «J'ai toujours pensé qu'il valait mieux construire une école qu'une prison. Les gamins qui sont là sont déchirés par la vie», a déclaré le garde des Sceaux aux journalistes après cette visite. «Ces gamins vont revenir un jour ou l'autre dans la société civile et il faut qu'ils reviennent meilleurs, je crois en cela passionnément», a-t-il ajouté. «Ces gamins-là, pour la plupart d'entre eux, n'ont pas eu de chance. Il faut les aider.»