Sibeth Ndiaye provoque un tollé au Sénat, Les Républicains quittent l'hémicycle
Les sénateurs LR ont quitté l'hémicycle, lors de la séance de questions au gouvernement, pour protester contre une réponse jugée «sotte et blessante» de Sibeth Ndiaye à une requête portant sur les visites ministérielles.
Les sénateurs du parti Les Républicains (LR) ont été vexés, le 3 juin, par une réponse de la porte-parole controversée du gouvernement Sibeth Ndiaye lors des traditionnelles questions au gouvernement. Au point qu'ils ont décidé de quitter la séance, un moment relativement rare au Sénat.
«Si nous ne représentons rien, si nous sommes des invisibles [...] alors nous n'avions pas besoin de rester à entendre des réponses qui sont franchement sottes et blessantes pour la conception républicaine que nous avons», a déclaré à la presse le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau pour expliquer la manifestation d'humeur de son groupe.
Les raisons de leur colère ? Plus tôt dans la journée, le sénateur LR du Loiret Hugues Saury a interpellé le gouvernement sur les modalités d'organisation des visites ministérielles, lors desquelles les sénateurs et élus d'autres partis que La République en marche (LREM) «sont devenus personae non gratae», selon lui, des raisons sanitaires étant invoquées. Il s'est ainsi étonné de voir que «très majoritairement, les circonscriptions concernées par ces visites ministérielles, soient celles détenues par les députés LREM ou de votre majorité».
«Mon collègue du Doubs a même été congédié par le préfet d'une manifestation patriotique [...] Pensez-vous, madame la ministre, qu'il est légitime de privilégier les députés, la plupart du temps de votre majorité, jusqu'à décider qu'à eux seuls ils représentent toutes les sensibilités ?», a-t-il ajouté.
.@HSaury (@LesRep_Senat) interroge @SibethNdiaye sur les visites ministérielles : "Pensez-vous qu'il est légitime de privilégier les députés, la plupart du temps de votre majorité, jusqu'à décider qu'à eux seuls ils représentent toute sensibilité et l'@AssembleeNat et le Sénat ?" pic.twitter.com/EXu9BU8Dj8
— Sénat (@Senat) June 3, 2020
«Au fond, depuis le 11 mai, c'est l'intelligence collective qui doit dominer», a répondu la porte-parole du gouvernement, sous la bronca des élus LR.
«L'application stricte des mesures barrières et des gestes barrières doit être notre priorité pour que ces déplacements ministériels puissent se dérouler dans de bonnes conditions», a-t-elle développé, ajoutant qu'elle «conçoit qu'il soit parfois difficile de comprendre ces situations, qu'il puisse y avoir de la frustration, de l'incompréhension».
Elle a également appelé à n'«y voir absolument aucune malice politique ni aucun privilège».
“L'application stricte des mesures barrières doivent être notre priorité pour les déplacements ministériels puissent se dérouler dans de bonnes conditions. Je conçois aisément monsieur le sénateur qu'il soit parfois difficile de comprendre ces situations.” - @SibethNdiaye#QAGpic.twitter.com/QLhuwG08yS
— Sénat (@Senat) June 3, 2020
«C'est profondément choquant, je n'ai jamais entendu une réponse d'une telle légèreté, ici au Sénat», a réagi Bruno Retailleau après avoir quitté l'hémicycle.
Dans un tweet, le groupe LR du Sénat a fustigé la réponse de Sibeth Ndiaye qui «expliquait à Hugues Saury que les gestes barrières justifiaient la privatisation des moyens de l'Etat au profit d'un seul parti lors des visites ministérielles». «La crise sanitaire a bon dos», ajoute le tweet.
Les sénateurs du groupe #LR ont quitté l'hémicycle alors que #SibethNdiaye expliquait à Hugues Saury que les gestes barrières justifiaient la privatisation des moyens de l'Etat au profit d'un seul parti lors des visites ministérielles. La crise sanitaire a bon dos. #QAGpic.twitter.com/LGQvOoknoV
— Républicains Sénat (@lesRep_Senat) June 3, 2020
Offusqué, le sénateur LR du Val-de-Marne, Christian Cambon a d'ailleurs expliqué à la chaîne Public Sénat que son collègue «Jacques Grosperrin est en mesure de montrer une photo où un préfet en uniforme le chasse d’une manifestation mémorielle».
Le chef de file des sénateurs PS Patrick Kanner a fait savoir à l'AFP que son groupe aurait lui aussi quitté l'hémicycle en signe de protestation, si la question suivante n'avait pas été posée par une sénatrice socialiste. Il a fustigé «une réponse indigne» de la porte-parole, et «une culture du prince».