Coronavirus : après deux semaines de quarantaine, les premiers rapatriés de Chine sont libérés
- Avec AFP
Placés en quarantaine depuis le 31 janvier dans un centre de vacances du sud de la France pour s'assurer qu'aucune infection au nouveau coronavirus n'était à constater, les premiers rapatriés de Chine sont sortis le 14 février, à bord de navettes.
Après 14 jours d'isolement dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), destinés à s'assurer qu'ils n'étaient pas infectés par le nouveau coronavirus, les 181 premiers rapatriés de Wuhan en France doivent sortir de quarantaine le 14 février.
A ce jour, les autorités n'ont fait état d'aucune contamination au virus Covid-19 parmi ces personnes placées en quarantaine après avoir quitté la ville de Wuhan en Chine, épicentre de l'épidémie de nouveau coronavirus.
Avant de monter à bord de navettes qui les conduisent à la gare ou l'aéroport, ou de rejoindre des proches venus les chercher, les rapatriés sont passés à travers un sas de sortie, une grande tente blanche où ils ont enlevé leur masque et se sont lavé les mains au gel hydroalcoolique.
Les premiers départs des ressortissants français de Carry le Rouet dans deux voitures de La Croix Rouge. Direction Marignane pic.twitter.com/d8V4IZn5Bd
— David Aussillou (@davidaussillou) February 14, 2020
Les premières navettes «quitte[nt] le centre de vacances de Carry le Rouet» et raccompagnent les premiers rapatriés.
Un deuxième bus quitte le centre de vacances de Carry le Rouet pic.twitter.com/5Mfxqp30nr
— David Aussillou (@davidaussillou) February 14, 2020
Une certaine émotion pointait à l'heure de quitter le centre et de tenter de reprendre le cours d'une vie normale, pour la première fois depuis qu'ils ont quitté Wuhan. Certains échangeaient des bises en se disant adieu.
Les rapatriés se sont vu délivrer un «certificat de non-contagiosité», a précisé à l'AFP le responsable de la Croix-Rouge sur le site, Marc Zyltman. «Ce sont des personnes comme vous et moi», a-t-il ajouté.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn est attendue en milieu de journée à Carry-le-Rouet.
«Un peu d'angoisse» et beaucoup d'incertitudes pour plusieurs des rapatriés de Wuhan
Ils vivaient et travaillaient en Chine ou y séjournaient chez leur famille lorsque l'épidémie du nouveau coronavirus a frappé Wuhan début décembre 2019. Rapatriée en France, Agathe, Charles et Vincent retrouvent la liberté en bonne santé mais avec une vie à reconstruire.
Installée à Wuhan (centre de la Chine) depuis trois ans et demi pour préparer une thèse sur le comportement et le bien-être des dauphins, Agathe Serres a été rapatriée en catastrophe «avec juste quelques vêtements». Cette sortie de quarantaine s'apparente pour elle à une vie à reconstruire, sous le signe de l'incertitude.
Il y a un petit peu d'angoisse de savoir comment ça va se passer
«Il y a un petit peu d'angoisse de savoir comment ça va se passer», confie à l'AFP la jeune femme qui se retrouve de facto sans université. Et de continuer : «Pour une étudiante, ne pas être dans son école est un peu bizarre.» En effet, elle devait soutenir sa thèse en mai, mais du fait de la fermeture de l'université pour une durée indéterminée, tout est incertain.
De son côté, avec cette sortie de quarantaine, «on redevient des gens [normaux] avec la garantie d'être totalement sain» après un suivi médical de 14 jours, explique Charles Germain, résident en Nouvelle-Calédonie mais qui était, comme souvent, à Wuhan pour passer le Nouvel An avec la famille de sa femme chinoise.
«Le masque au quotidien, c'est fini», se réjouit-il, conscient toutefois qu'une partie de l'opinion publique appréhende la sortie des rapatriés par crainte de contamination. «On n'a pas à avoir honte de quoi que ce soit», se défend-il alors qu'aucun cas suspect n'a été décelé parmi eux. Chacun s'est vu remettre par les autorités sanitaires un certificat de non-contamination.
Je veux bien rentrer mais pas dans les circonstances actuelles
Toutefois, le virus «va rester dans un coin de la tête» et Charles Germain prévoit de se protéger de nouveau avec un masque lorsqu'il repartira en Nouvelle-Calédonie. Les aéroports sont «des lieux où le risque de contamination est faible mais pas exclu».
Enfin, parti dans la précipitation avec seulement quelques affaires, Vincent Lemarié est pour le moment dans l'incertitude quant à un potentiel retour dans la ville où il enseigne le français depuis six ans. «Je veux bien rentrer mais pas dans les circonstances actuelles», explique-t-il.
L'enseignant, qui a donné chaque jour deux heures de son temps en quarantaine pour apprendre à des rapatriés non francophones les bases de la langue de Molière, envisage de dispenser des cours en ligne pour ses élèves chinois restés dans leur pays. En attendant, il compte visiter quelques jours le sud-est de la France puis gagnera le nord de la France pour retrouver ses proches.
D'autres restent confinés
Après le départ de ces 181 personnes, 44 resteront encore confinées dans le même centre de vacances, et 113 autres à Aix-en-Provence, dans les locaux de l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp).
Une partie est arrivée à bord d'un deuxième vol, le 2 février, et leur quarantaine doit se terminer le 16 février. Les 35 personnes arrivées, elles, le 9 février, via Londres, devront patienter jusqu'au 23 février.
Le bilan humain de l'épidémie en Chine continentale est désormais de 63 851 cas confirmés et 1 380 morts. En dehors de la Chine, y compris les régions autonomes de Macao et de Hong Kong, plus de 500 cas et trois morts ont été recensés dans une trentaine de pays et territoires.