Sondage : moins d'un Français sur deux pense que les juges sont indépendants du pouvoir politique
Selon une enquête de l'Ifop, presque un Français sur deux a perdu confiance en la justice : un chiffre en nette progression depuis 10 ans. Les personnes interrogées sont seulement 45% à croire que les juges sont indépendants du pouvoir politique.
Une enquête menée par l'institut de sondage Ifop pour L'Express révèle que seulement 53% des Français sondés ont confiance dans l'appareil judiciaire de leur pays. En 10 ans, ce chiffre a reculé de 10 points.
Les électeurs de LREM, du PS et d'EELV sont ceux qui ont le plus confiance dans l'institution judiciaire
Les personnes les moins diplômées, les employés, les ouvriers, les habitants de municipalités rurales et les électeurs de droite et du Rassemblement national (RN) se retrouvent parmi les sondés qui ne croient plus en la justice française. A l'inverse, ceux qui conservent toute leur confiance en la justice sont surreprésentés parmi les cadres supérieurs, les Parisiens, les étudiants, les diplômés ou encore, sur le plan politique, les partisans de la République en marche (LREM), du Parti socialiste (PS) ou encore d'Europe écologie les Verts (EELV).
Pour 62% des personnes interrogées, les tribunaux fonctionnent mal. Le sondage révèle également que seuls les médias et le personnel politique inspirent encore moins confiance, ce qui n'est pas le cas de la police nationale, de l'armée, ni des hôpitaux ou l'école.
63% des sondés estiment par ailleurs que les juges sont intègres et honnêtes (-17 points par rapport à 2008), mais surtout, ils sont seulement 45% à penser que les juges sont indépendants du pouvoir politique. Seulement un sondé sur trois estime que la magistrature prononce des peines proportionnées.
Une défiance exprimée par certains politiques
La défiance vis-à-vis de la justice française et des magistrats que met en lumière ce sondage, a été exprimée également par des figures politiques de premier plan.
Des patrons de formations d'opposition ont dénoncé les «procès politiques» dont ils s'estimaient victimes. C'est le cas de Marine Le Pen, présidente du RN, qui a déclaré en juillet 2018 à propos de l'enquête visant son parti dans l'affaire des assistants présumés fictifs d'eurodéputés, que «le caractère politique de l'initiative ne [faisait] aucun doute, puisque l'un des deux juges est membre du Syndicat de la magistrature», classé à gauche, «et l'autre est un de ses compagnons de route».
Décision de justice sur les assistants d'eurodéputés #FN : Marine Le Pen dénonce une «peine de mort»
— RT France (@RTenfrancais) July 8, 2018
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Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, a également dénoncé en septembre 2019 un «procès politique» dans l'affaire des incidents ayant émaillé la perquisition du siège de son parti en octobre 2018. Le ténor de La France insoumise (LFI) a même affirmé ne plus «croire en la justice» de son pays à cette occasion.
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