Discours de politique générale : François Bayrou tend la main à la gauche
Le Premier ministre a tendu la main à la gauche lors de son discours de politique générale ce 14 janvier à l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à un remodelage de la réforme des retraites. Il devrait ainsi s’éviter la censure des partis de gauche hors LFI.
«Il est temps de changer de logiciel et de méthode». Le Premier ministre François Bayrou a affirmé lors de son discours de politique générale ce 14 janvier que l‘intérêt général impliquait de «dépasser les différences partisanes», et s’est ainsi montré ouvert à une modification de la réforme des retraites.
Rappelant que 84% des Français estiment que le gouvernement ne passera pas l’année et que la situation de son gouvernement n’est pas enviable, il a exhorté les parlementaires à «retrouver la stabilité» pour faire face au danger le plus important qui est selon lui «le surendettement de la France».
Face à la «précarité budgétaire», François Bayrou a affirmé qu’il était temps de «changer de logiciel et de méthode» tout en défendant une réforme qu’il qualifie de «nécessaire», et de préciser : «je choisis donc de mettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux».
Une démarche qui s’appuiera, selon ses propres mots, «sur un constat et des chiffres» transmis par la Cour des comptes. François Bayrou a proposé de rechercher une voie de réforme qui changerait l’âge de départ prévu par la loi de 2023, ainsi que de créer une commission permanente pour discuter pendant trois mois «à dater de la remise du rapport de la Cour des comptes» afin de trouver un accord qui sera voté «lors du prochain projet de loi de finance ou avant». En cas d’échec il a cependant rappelé que c’est la réforme actuelle qui serait maintenue.
L’Europe occidentale contre le reste du monde
Outre cette voie ouverte à une refonte de la réforme des retraites – point central des négociations avec les gauches socialiste, écologiste et communiste –, François Bayrou a également défendu une ligne dans la continuité de ses prédécesseurs en matière de politique internationale.
Le nouveau Premier ministre a, en préambule de son discours, évoqué le contexte international et mis en cause «la Russie de Vladimir Poutine» et son offensive en Ukraine, évoquant «un signal : celui de la force brutale».
Il a également mis en cause la Corée du Nord et l’Iran qu’il qualifie de «maillons de la chaîne», n’oubliant pas au passage de mettre en cause le «multilatéralisme défendu par la Chine». Ses critiques se sont également portées sur les États-Unis dont il dénonce le choix d’une «même politique de puissance et de domination» que les pays précédemment cités. François Bayrou a par ailleurs dénoncé successivement Donald Trump et Elon Musk en évoquant ce qu’il nomme un «nouveau désordre mondial», et de défendre une Europe «communauté politique et stratégique».
En outre, le Premier ministre français a évoqué des chantiers législatifs concernant l’euthanasie, l'immigration et la création d’une banque de la démocratie pour le financement des partis politiques, et d’un fonds spécial dédié à la réforme de l’État. Il a également évoqué un débat autour d’une réforme du scrutin législatif, esquissant les contours de la mise en place d’une dose de proportionnelle pour l’élection des députés. «C’est la seule règle qui permette à chacun d’être lui-même authentiquement sans être prisonnier d’alliances insincères» a-t-il déclaré sur ce point.