«L’immigration n’est pas une chance»: en France, Bruno Retailleau suscite un tollé parmi la coalition au pouvoir

«L’immigration n’est pas une chance»: en France, Bruno Retailleau suscite un tollé parmi la coalition au pouvoir© Christophe Ena Source: AP
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau provoque des débats au sein de la nouvelle majorité en évoquant la question de l'immigration.
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En déclarant que «l’immigration n’est pas une chance» et en se déclarant le 29 septembre favorable à un référendum sur la question, le nouveau ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a provoqué une véritable déflagration dans la nouvelle coalition au pouvoir.

«L'État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne peut faire ce qu'il veut». Dès ce 30 septembre, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, membre de la coalition au pouvoir mais issue du parti présidentiel Renaissance, réagissait sur la télévision publique aux propos du nouveau ministre de l'Intérieur Les Républicains (LR) Bruno Retailleau sur l’immigration.

Celle qui a été réélue au perchoir mi-juillet a précisé son propos en suggérant : «Renforçons l'application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l'État de droit». Une manière pour les partis de l'ancienne majorité présidentielle de se distancier de leur allié LR après les prises de position musclées de Bruno Retailleau sur la question migratoire.

Dans son intervention télévisée, le ministre de l'Intérieur s’était prononcé en faveur d’un référendum sur l’immigration, déclarant notamment que «l’État de droit n’est pas intangible». Il a en outre dénoncé l’accord franco-algérien de 1968 sur l'immigration fustigeant un texte «déséquilibré, très avantageux pour l'Algérie, désavantageux pour la France».

«La réponse identitaire n’est pas la bonne réponse», même Darmanin s’en prend à Retailleau

Si l’aile gauche de l'ex-majorité pouvait être attendue au tournant après ce discours tranché de Bruno Retailleau sur l’immigration, c’est finalement l’élément longtemps considéré comme le plus à droite de l’ancien gouvernement qui a dégainé ce 30 septembre au micro de la radio publique.

«On doit s'intéresser à la question sociale et la réponse identitaire n'est pas la bonne réponse», a ainsi déclaré Gérald Darmanin, dénonçant la prise de position de Bruno Retailleau sur l’immigration. «S'il parle d'immigration illégale, en effet c'est une malchance pour les immigrés illégaux et pour la France. Mais l'immigration légale, bien sûr que c'est une chance» a-t-il affirmé.

«L'heure n'est pas à tenir des propos clivants», a pour sa part déclaré l'ancienne Premier ministre d’Emmanuel Macron Elisabeth Borne, invitée ce 30 septembre au matin du Face à Face sur BFMTV et RMC.

L’ancienne porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot s’est fendue d’un message sur le réseau social X dès après l’intervention du ministre en écrivant: «On peut parler immigration sans dénigrer les Français qui en sont issus. Notre langue permet de faire la différence entre immigration illégale et légale. La 1ère est à combattre, la 2ème à contrôler. Ne pas faire la distinction fait le lit du RN», a déclaré la députée des Hauts-de-Seine.

Si les propos de Bruno Retailleau agacent dans son propre camp, elle ne sont pas nécessairement prises au sérieux du côté du Rassemblement national (RN). «Les paroles de Bruno Retailleau sont bien belles, mais va-t-il les traduire en actes alors qu'il est coincé dans une alliance avec la macronie?» a ainsi commenté ce 30 septembre le porte-parole et député de la Moselle Laurent Jacobelli. «S'il veut vraiment plus de fermeté migratoire, qu'il rejoigne l'alliance que nous avons lancée avec Éric Ciotti», a-t-il ajouté.

La droite tente de s’affirmer dans une majorité sensible

La veille de la sortie médiatique de Bruno Retailleau sur l’immigration, une autre ligne de fracture avait été tracée dans le gouvernement avec un texte publié dans La Tribune dans lequel 27 députés du camp présidentiel se sont dit opposés à une hausse des impôts, parmi lesquels de nombreuses personnalités venues de la droite et du centre dont l’ancien ministre Aurore Bergé

Celle-ci s’est défendu de diviser dans un message posté sur les réseaux sociaux. «Aucune "fracture". Juste l'affirmation d'une conviction claire : la réponse à la réduction de la dette n'est pas la hausse d'impôts mais la réduction de la dépense publique», a-t-elle assuré.

En rivalité avec les partis centristes au sein du gouvernement, la droite LR entend jouer sa partition. Ce 30 septembre, c’est le fondateur de ce parti et ancien président de la République Nicolas Sarkozy qui venait appuyer les propos du ministre de l’Intérieur sur l’immigration.

Nicolas Sarkozy, ordinairement peu présent dans les médias, a ainsi apporté son soutien au ministre et estimé sur le plateau d'une chaîne privée que «l’immigration est un problème». «On doit tout changer», a-t-il affirmé au sujet des OQTF, appelant à conditionner l’octroi de visas à des autorisations de retour consulaire.

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