Trois réacteurs nucléaires à l'arrêt pour des contrôles suite à des suspicions de corrosion
- Avec AFP
EDF a annoncé le 8 février l'arrêt prochain de trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour effectuer des contrôles et vérifier si des problèmes de corrosion rencontrés ailleurs sur des systèmes de sécurité sont présents.
De nouvelles difficultés pour EDF : l'entreprise publique a annoncé le 8 février qu'elle devrait mettre à l'arrêt les réacteurs nucléaires de Chinon 3 (Indre-et-Loire), Cattenom 3 (Moselle) et Bugey 4 (Ain) pour des «contrôles», rendus nécessaires par la détection de problèmes de corrosion sur des systèmes de sécurité. Ces arrêts sont programmés à partir du 19 février, 26 mars et 9 avril. Ces contrôles font suite à une revue de l'ensemble du parc nucléaire français à la recherche de problèmes de corrosion, déjà constatés sur au moins quatre réacteurs actuellement à l'arrêt, parmi les 56 unités que compte l'Hexagone.
Trois autres réacteurs (Bugey 3, Flamanville 1 et 2) vont également faire l'objet d'inspections, mais dans le cadre d'arrêts qui étaient déjà programmés. L'arrêt de Flamanville 2 va toutefois être prolongé de cinq semaines. Enfin, EDF a prolongé de cinq mois l'arrêt de deux réacteurs où des problèmes de corrosion avaient déjà été détectés : celui de Penly 1 (Seine-Maritime) ne fonctionnera pas jusqu'au 31 octobre 2022, tandis que celui de Chooz 1 (Ardennes) sera à l'arrêt jusqu'au 31 décembre. Il n'y a pas eu de précisions concernant Chooz 2 et les deux unités de Civaux (Vienne), déjà à l'arrêt pour ce problème.
La majorité des réacteurs du parc nucléaire français ne sont pour l'heure pas concernés par ces problèmes de corrosion, mais EDF a cependant dû abaisser de nouveau, le 7 février, sa prévision de production nucléaire en France pour 2022, la ramenant à 295-315 térawattheures (TWh), contre les 300-330 TWh annoncés le 13 janvier. Les nouvelles estimations ramènent la production à son niveau de «1991, au mieux», selon Les Echos, et la situation risque d'accroître la tension sur l'approvisionnement électrique de la France d'ici à la fin de l'hiver, alors que la situation était déjà compliquée par un calendrier de maintenance chargé et la pandémie de Covid-19.
Le gestionnaire du réseau électrique RTE avait indiqué, le 4 février, maintenir sa «vigilance sur la fin de l'hiver» en matière d'approvisionnement, en raison d'un nombre élevé de réacteurs nucléaires à l'arrêt, tout en notant que «les prévisions météorologiques sur la période sont favorables» et qu'une vague de froid sévère était «peu probable». «On est sur un risque qui est maîtrisé. Pour autant, il faut bien se dire que la disponibilité de notre parc de production pendant cet hiver de manière générale est extrêmement contrainte», avait souligné Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE.
«Il n’y a pas de risque de black-out en France parce que nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes pour éviter cela», a assuré ce 8 février la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France Info. Le gouvernement a notamment assoupli temporairement les limites d'utilisation des dernières centrales à charbon, très nocives pour le climat, pour assurer l'approvisionnement électrique. «On a besoin de marges de manœuvre à cause de réacteurs nucléaires arrêtés», mais dans «des proportions très, très petites», a estimé la ministre, tout en maintenant que le charbon restait un «ennemi». Barbara Pompili a d'ailleurs indiqué avoir demandé un audit à EDF, qui devrait lui rendre «un premier rapport en mars», sur ces nombreux problèmes rencontrés sur les réacteurs.
Un vaste programme de relance du nucléaire en vue ?
Ces nouveaux déboires d'EDF s'ajoutent aux retards de l'EPR de Flamanville, alors qu'Emmanuel Macron devrait se rendre le 10 février à Belfort pour une visite consacrée au thème du nucléaire. C'est dans cette ville que sont produites des turbines nucléaires, rachetées à Alstom en 2015 par la société américaine General Electric, qu'EDF s'apprête à reprendre.
En novembre, le président avait annoncé son intention de construire de nouveaux réacteurs en France, mais sans donner plus de précisions. Selon Les Echos, Emmanuel Macron «devrait opter pour une relance franche de l'énergie atomique» et «pourrait aller au-delà de six [nouveaux EPR]», chiffre qui avait été évoqué précédemment. Le sujet de l'énergie agite la campagne présidentielle, l'avantage des faibles émissions de CO2 du nucléaire ou l'argument de l'indépendance énergétique séduisant de la droite radicale de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour au communiste Fabien Roussel, en passant par la droite et le camp présidentiel. Les écologistes ou les insoumis prônent en revanche une sortie plus ou moins rapide de cette énergie, qui domine encore largement la production électrique française, en raison du problème du stockage des déchets ou des risques d'accidents.