Energie : Washington veut investir massivement en Europe pour «protéger la liberté et la démocratie»
Les Etats-Unis entendent financer des projets énergétiques à hauteur d'un milliard de dollars dans des pays d'Europe centrale et de l'Est. Le secrétaire d'Etat américain a affirmé vouloir renforcer leur indépendance énergétique face à la Russie.
Lors d'une intervention dans le cadre de la Conférence de Munich sur la sécurité, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé, ce 15 février, que les Etats-Unis comptaient financer des projets énergétiques dans des Etats d'Europe centrale et de l'Est.
«En signe de soutien à la souveraineté, la prospérité et l'indépendance énergétique de nos amis européens [...] Les Etats-Unis ont l'intention d'accorder jusqu'à un milliard de dollars de financements aux pays d'Europe centrale et de l'Est membres de l'Initiative des trois mers», a-t-il déclaré en référence au forum de ce nom qui comprend 12 pays de l'Est de l'UE et d'Europe centrale, et dont le premier sommet a eu lieu à Dubrovnik (Croatie) en 2016.
Protéger la liberté et la démocratie dans le monde
Comme le rapporte l'AFP, l'objectif affiché de l'Initiative des trois mers (ITM) est de renforcer la coopération entre ses membres dans les domaines de l'énergie, des infrastructures et de la sécurité, notamment vis-à-vis de la Russie que nombre de ses membres considèrent comme une menace directe.
«Nous voulons galvaniser l'investissement du secteur privé dans leurs secteurs énergétiques afin de protéger la liberté et la démocratie dans le monde», a ajouté Mike Pompeo, non sans rappeler la politique américaine d'«endiguement» adoptée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du plan Marshall, et dont le but était de contenir l'influence de l'URSS en Europe.
Fait notable, «les ventes de gaz américain à l’Europe progressent à grande vitesse» titrait Le Figaro Economie en mai 2019. Et pour cause, les importations européennes de gaz naturel liquéfié (GNL) américain avaient alors «bondi de 272 %» depuis juillet 2018, précisait l'article.
Alors qu'il pourrait être inauguré avant la fin de l'année, le projet russe de gazoduc Nord Stream 2 est dans le collimateur de Washington qui n'apprécie guère le doublement annoncé des livraisons directes de gaz naturel russe vers l'Europe occidentale, en passant sous la mer Baltique pour arriver en Allemagne et en contournant donc l'est du continent.
Le président américain Donald Trump a ainsi promulgué une loi imposant des sanctions aux entreprises associées à la construction de Nord Stream 2 et d'un autre gazoduc russe, TurkStream, affirmant que ces ouvrages pourraient accroître la dépendance des Européens au gaz russe, et renforcer ainsi l'influence de Moscou.
En réaction à ces mesures punitives, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déclaré le 22 décembre 2019 : «Les Européens comprennent leurs intérêts économiques, notamment en matière de sécurité énergétique à long terme.», et le chef de la diplomatie russe d'ajouter : «Ils ont été humiliés. Mais nous avons entendu des paroles, notamment de Berlin, qui montrent que l'estime de soi de nos partenaires européens est encore préservée.»