Dette : l'Afrique perdrait jusqu’à 4,2 milliards de dollars par an en raison de la couverture négative des médias occidentaux
Les stéréotypes sur l’Afrique, véhiculés par les médias occidentaux, ont des répercussions économiques selon une étude du cabinet de consulting Africa Practice et de l’ONG Africa No Filter. Celle-ci s’attarde notamment sur la corrélation entre une couverture médiatique négative et un coût élevé de la dette.
La couverture négative des affaires africaines par les médias occidentaux, en particulier pendant les périodes électorales, priverait les économies du continent d'environ 4,2 milliards de dollars par an rien qu'en intérêt, selon une étude rendue publique le 10 octobre par le cabinet de consulting Africa Practice et l’ONG Africa No Filter.
Intitulée «le coût des stéréotypes médiatiques en Afrique», l'étude pointe notamment du doigt, dans ses conclusions, la représentation «stéréotypée» du continent par les médias occidentaux, qui selon elle contribue à «éroder la confiance des investisseurs» et à «freiner la croissance économique».
Cette représentation négative est exacerbée lors des périodes électorales, selon l’étude, qui s’est penchée dans son analyse sur la couverture par les géants médiatiques occidentaux des processus électoraux, notamment au Kenya, au Nigeria, en Afrique du Sud ainsi qu'en Égypte.
Les pays africains reçoivent «davantage d’intérêt médiatique» pendant les élections, note l’étude, mais avec une «attention disproportionnée» portée aux problèmes négatifs comme la violence et la fraude électorale, contrairement à des pays non africains qui reçoivent une couverture plus favorable de la part des médias occidentaux.
À titre de comparaison, 88% des articles de presse sur le Kenya pendant les élections étaient dominés par un discours négatif contre seulement 48% pour la Malaisie, observe l'étude.
Sentiment positif
Selon l’étude, ces 4,2 milliards de dollars de pertes qu'occasionnerait chaque année cette couverture médiatique négative pourraient financer l’éducation de 12 millions d’élèves africains et assurer la vaccination de plus de 73 millions d’enfants dans le continent.
L’Afrique pourrait par ailleurs économiser jusqu'à 0,14% de son produit intérieur brut (PIB) par an, sous réserve d'un «sentiment médiatique positif». L'étude affirme qu’une amélioration de ce sentiment pourrait réduire les taux d'emprunt sur le continent d'un maximum de 1%.
Ces fonds pourraient aider à fournir de l'eau potable aux deux tiers de la population totale du Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, avec une population estimée à 220 millions d'habitants, cite encore l'étude.
Selon Africa Practice et Africa No Filter, la promotion d’informations plus justes, impartiales et positives sur le continent renforcerait sa cote de crédit et attirerait les investissements directs étrangers dans des secteurs clés comme le tourisme, l’industrie manufacturière et les services financiers.
Capital confiance
La publication de ce rapport intervient alors que de plus en plus de médias d'État occidentaux admettent avoir perdu une grande partie de leur audience sur le continent africain ces dernières années, au profit des médias russes et chinois.
«Les médias d'État britanniques ne parviennent plus à atteindre les publics du Sud global, contrairement aux médias chinois et russes», a déclaré dans ce sens Tim Davie, directeur général de la BBC, lors d'un discours le 14 octobre au Future Resilience Forum.
Tim Davie a cité l’exemple des chaînes publiques kényane KBC et libérienne LBS, qui ont repris les programmes chinois à la télévision et à la radio, alors que «partout en Afrique en particulier, les médias russes sont incroyablement actifs dans la promotion de leurs récits».
Le patron de BBC s’est particulièrement plaint des «retours significatifs» sur investissement de la chaîne publique russe RT et de la chinoise CGTN, en termes de «portée» mais également en termes de «capital confiance», selon ses dires.