Convoi de la liberté au Canada : Ottawa en «état d'urgence», la situation «hors de contrôle»
«Nous sommes en train de perdre la bataille, [...] nous devons reprendre notre ville», a affirmé le maire de la capitale canadienne, paralysée depuis une semaine par un mouvement de chauffeurs routiers protestant contre les mesures sanitaires.
Le mouvement du «convoi de la liberté» continue de créer des remous au Canada. Le maire de la capitale Ottawa, jugeant la situation «hors de contrôle», a déclaré le 6 février «l'état d'urgence» dans la ville, paralysée depuis plus d'une semaine par des opposants aux mesures sanitaires.
Lancé le 29 janvier, le mouvement de protestation contre les restrictions sanitaires des camionneurs canadiens – qui bloquent la capitale Ottawa ainsi que l'accès au poste frontalier principal des Etats-Unis à Coutts, en Alberta – a pris une ampleur inédite, s'étendant à d'autres grandes villes canadiennes, tandis que des dizaines de poids lourds ainsi que des manifestants continuaient à paralyser le centre-ville de la capitale le 6 février.
22h30. C’est un peu la débauche ce soir #FreedomConvoyCanada2022
— Francis Pilon (@FrancisPilon_) February 6, 2022
Gros party au grand dam des résidents du centre-ville d’Ottawa
Alcool, cannabis, feux d’artifice, fumigène et danse collés comme des sardines aux sons des Klaxons et de la musique pic.twitter.com/4oC3U2vN9x
Le maire Jim Watson a annoncé dans l'après-midi avoir déclaré l'état d'urgence à Ottawa «en raison de la manifestation en cours». Cette déclaration «reflète le grave danger ainsi que la menace à la sûreté et la sécurité des résidents posés par les manifestations continues et souligne le besoin de soutien de la part d’autres administrations et ordres de gouvernement», a déclaré la mairie dans un communiqué.
Une telle mesure «offre également une plus grande souplesse au sein de l'administration municipale pour permettre à la ville d’Ottawa de gérer la continuité des activités en vue d'assurer des services essentiels» aux résidents, précise-t-elle.
Nous devons reprendre notre ville
Plus tôt dans la journée, Jim Watson avait jugé «la situation complètement hors de contrôle, car ce sont les protestataires qui font la loi». «Nous sommes en train de perdre la bataille, [...] nous devons reprendre notre ville», avait martelé le maire, jugeant «inacceptable» le comportement des protestataires qui obstruent les rues du centre ville et actionnent sans relâche les klaxons de leurs poids lourds.
La police d'Ottawa a de son côté annoncé son intention d'empêcher le ravitaillement des protestataires, notamment en carburant. «Toute personne tentant d'apporter du matériel de soutien (essence, etc.) aux manifestants sera passible d'arrestation. Des mesures d'application sont en cours», a-t-elle averti dans un tweet. A la suite de cette annonce, l'autorité a précisé dans la soirée avoir procédé à «sept arrestations et cent contraventions en application du renforcement» de la loi contre les manifestations.
IMPORTANT: Toute personne tentant d'apporter du matériel de soutien (essence, etc.) aux manifestants sera passible d'arrestation. Des mesures d'application sont en cours. #ottawa#ottnouvellepic.twitter.com/EU8b2XUVXL
— Ottawa Police (@OttawaPolice) February 6, 2022
Justin Trudeau a quitté la ville
Le mouvement, baptisé «convoi de la liberté», visait à l'origine à protester contre la décision d'obliger, depuis la mi-janvier, les camionneurs à être vaccinés pour franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, mais il s'est rapidement transformé en mouvement contre les mesures sanitaires dans leur ensemble et aussi, pour certains, contre le gouvernement de Justin Trudeau. Ce dernier a quitté la ville avec sa famille durant le week-end pour des raisons de sécurité. Leur destination a été tenue secrète. Selon le Premier ministre, le mouvement représente une «petite minorité marginale» qui ne saurait intimider l'exécutif.
Les manifestants affirment de leur côté vouloir poursuivre leur occupation tant que les restrictions sanitaires ne seront pas levées. Lors d'une réunion d'urgence avec des élus municipaux, le chef de la police d'Ottawa Peter Sloly s'était plaint le 5 février de ne pas avoir de moyens suffisants pour mettre fin a ce qu'il a qualifié «d'état de siège» et a réclamé des «ressources supplémentaires». La police d'Ottawa doit recevoir sous peu le renfort de quelque 250 membres de la gendarmerie royale du Canada (GRC), un corps de police fédéral.
Des mouvements similaires mais de moindre ampleur ont eu lieu le 5 février dans plusieurs grandes villes canadiennes – Toronto, Québec ou Winnipeg – et se poursuivaient le 6 février, à Québec notamment. Dans la capitale de la province francophone, les manifestants étaient moins nombreux que la veille. La police de Québec a déclaré dans la soirée sur Twitter que la «totalité des camions immobilisés» avaient quitté la ville.