Alger accuse le Maroc d'être impliqué dans les incendies qui ont ravagé la Kabylie
Alger a annoncé revoir ses relations avec le Maroc après les incendies récents et le lynchage d'un homme, accusé à tort de pyromanie. Les autorités ont également mis en cause les indépendantistes du MAK et les islamistes de Rachad dans ces crimes.
L'Algérie a décidé de «revoir» ses relations avec le Maroc, qu'elle accuse d'être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays. «Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l'Algérie nécessite la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôles sécuritaires aux frontières Ouest», stipule un communiqué de la présidence algérienne.
Cette décision a été prise lors d'une réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité algérien (HCS) ce 18 août, décidée par le chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune. Elle était initialement consacrée à l'évaluation de la situation après les gigantesques feux de forêt qui ont fait au moins 90 morts dans le nord du pays. Le président Tebboune a affirmé que la plupart des incendies étaient d'origine «criminelle».
Les dirigeants algériens ont notamment accusé le mouvement islamo-conservateur Rachad établi à Londres et l'organisation indépendantiste kabyle, le Mouvement pour l'indépendance de la Kabylie (MAK), basée à Paris, d'être tenus pour responsable dans ces incendies et le lynchage à mort de Djamel Bensmaïl, un trentenaire accusé à tort de pyromanie en Kabylie (nord-est), la région la plus touchée par les feux.
«Après la présentation par les services de sécurité du bilan des pertes humaines et des dommages causés par les incendies notamment dans certaines wilayas [préfectures NDLR.], Tizi-Ouzou et Bejaïa, monsieur le président a donné des instructions à tous les secteurs pour suivre l’évaluation des incidents et la prise en charge des personnes touchées par les incendies dont l’implication des deux organisations terroristes MAK et Rachad, ainsi que dans l’assassinat du regretté Djamel Bensmaïl», peut-on lire dans le communiqué.
Ces deux mouvements, bêtes noires du pouvoir algérien, sont illégaux en Algérie où ils ont été classés comme «organisations terroristes» depuis le 18 mai dernier.
Le MAK accusé de recevoir le soutien du Maroc et de « l'entité sioniste »
Le MAK est accusé de recevoir «soutien et aide de parties étrangères, notamment du Maroc et de l'entité sioniste» comprendre : Israël. «Le Haut conseil de sécurité a décidé que les services de sécurité redoubleront d'efforts pour arrêter les autres personnes dans ces deux crimes [les incendies et le lynchage], et tous ceux qui appartiennent à ces deux organisations terroristes qui menacent la sécurité publique et l'unité nationale, jusqu'à leur éradication totale, notamment le MAK qui bénéficie du soutien et de l'aide de parties étrangères, surtout le Maroc et l'entité sioniste», lit-on encore dans le communiqué de la présidence algérienne.
Le communiqué stipule en outre que cette réunion du HCS était consacrée à l'évaluation de la situation générale du pays après les «derniers événements douloureux et les actes hostiles du Maroc et de son alliée, l'entité sioniste, contre l'Algérie».
Les derniers feux de forêt, qui ont fait au moins 90 morts, ont été éteints, a annoncé ce 18 août la Protection civile algérienne. Ces gigantesques incendies, qui ont commencé le 9 août, ont détruit des dizaines de milliers d'hectares de forêts dans 26 wilayas sur les 58 que compte l'Algérie.
Ces drames ont façonné une vague de solidarité dans toute l'Algérie et dans la diaspora. Le jeune Djamel Bensmaïl, originaire de Miliana à 120 kilomètres au sud-ouest d'Alger, s'était rendu en Kabylie pour porter secours, mais il s'est retrouvé la cible d'une fausse accusation de pyromanie et a été lynché le 11 août par des dizaines de personnes. Son corps a été retrouvé mutilé et brûlé à quelques mètres du commissariat de Larbaa Nath Iraten, en Kabylie. Sa mort à profondément choqué le pays. 61 suspects ont été arrêtés au cours de l'enquête sur ce meurtre.