Les créateurs du Spoutnik V demandent des excuses à l'Agence européenne des médicaments
La déclaration de la présidente de l'EMA qualifiant l'approbation en urgence du Spoutnik V de «roulette russe» a fait réagir l'équipe à l'origine du vaccin, déjà homologué dans 46 pays. Ils dénoncent une possible «ingérence politique».
Les développeurs du vaccin russe Spoutnik V contre le Covid-19 ont demandé des excuses à la présidente du conseil d'administration de l'Agence européenne des médicaments (EMA) Christa Wirthumer-Hoche suite à ses propos comparant la possibilité d'approuver l'utilisation en urgence de ce vaccin à une «roulette russe».
«Nous demandons des excuses publiques à Christa Wirthumer-Hoche de l'EMA pour ses commentaires négatifs à l'égard des membres de l'UE approuvant directement le Spoutnik V. Ses commentaires soulèvent de sérieuses questions quant à une possible ingérence politique dans l'examen de l'EMA. Spoutnik V est approuvé par 46 pays», peut-on lire sur le compte Twitter officiel des créateurs du vaccin.
We demand a public apology from EMA’s Christa Wirthumer-Hoche for her negative comments on EU states directly approving Sputnik V. Her comments raise serious questions about possible political interference in the ongoing EMA review. Sputnik V is approved by 46 nations.
— Sputnik V (@sputnikvaccine) March 8, 2021
«L'EMA n'a autorisé aucune déclaration pareille concernant un autre vaccin. De tels commentaires sont inappropriés et sapent la crédibilité de l'EMA et son processus d'examen [des vaccins]. Les vaccins et l'EMA devraient être au-dessus et au-delà de la politique. Les Européens méritent un examen impartial, comme l'ont fait 46 autres pays», peut-on encore lire.
Europeans deserve an unbiased review as was undertaken by 46 other countries. After postponing Sputnik V review for months, EMA does not have the right to undermine credibility of 46 other regulators that reviewed all of the necessary data.
— Sputnik V (@sputnikvaccine) March 8, 2021
Le 7 mars, Christa Wirthumer-Hoche avait déclaré sur la chaîne de télévision autrichienne ORF déconseiller «vivement» de délivrer une autorisation nationale en urgence au Spoutnik V. «C'est un peu comparable à la roulette russe», avait-elle commenté.
Spoutnik V a franchi la semaine dernière une étape clé pour son déploiement dans l'Union européenne, avec le début de son examen par l'EMA, basée à Amsterdam. Mais impatients face à un processus jugé trop lent, plusieurs pays membres de l'Union européenne n'ont pas attendu l'autorisation de Bruxelles pour permettre l'usage du Spoutnik V dans le cadre de leur campagne de vaccination : le 12 février, la Hongrie devenait le premier pays de l'UE à homologuer le vaccin russe, tandis que la Slovaquie a reçu le 1er mars sa première livraison de Spoutnik V. La République tchèque a elle aussi fait part de son attention d'acquérir le vaccin mis au point par Gamaleïa.
Par ailleurs, le Fonds souverain russe – qui a financé la mise au point du vaccin – vient de signer un accord avec le laboratoire pharmaceutique suisse Adienne grâce auquel le Spoutnik V sera prochainement produit en Italie.