Venezuela : «Les sanctions nous ont permis de découvrir qu’un autre monde existe» (ENTRETIEN)
Vote du Sénat français, Juan Guaido, opposition, réfugiés, situation économique, droit international : à l'occasion de son passage à Paris, Yvan Gil, vice-ministre vénézuélien pour l'Europe, a accordé un entretien à RT France.
Après l'adoption le 30 octobre par le Sénat français d'une résolution visant à accentuer les sanctions contre le gouvernement de Nicolas Maduro, Yvan Gil, vice-ministre vénézuélien pour l'Europe, a eu le 29 novembre une rencontre informelle avec le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Christian Cambon.
Lors de ce passage à Paris, qui s'inscrit dans le cadre d'une tournée européenne, Yvan Gil a accordé un entretien à RT France. De son point de vue, si le Sénat français a voté cette résolution, c'est en raison d'une profonde méconnaissance de la situation au Venezuela. «La version du gouvernement bolivarien mérite d’être entendue au sein des instances politiques françaises», plaide-t-il à cet égard.
Minimisant les mobilisations de l'opposition menée par Juan Guaido, Yvan Gil assure que le Venezuela vit actuellement «une situation de paix totale dans les rues et de stabilité politique totale». Même son de cloche concernant la réputation du Venezuela, présenté comme un Etat en faillite économique où vivrait une population qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins. Là encore, le vice-ministre se veut très rassurant et optimiste. De son point de vue, «l’Etat vénézuélien fonctionne pleinement».
«Il est déplorable de voir certains politiciens européens et français suivre des instructions de Washington et du gouvernement des Etats-Unis pour attaquer la révolution bolivarienne», a commenté le vice-ministre à propos du vote de la résolution du Sénat.
«Mesures coercitives unilatérales»
A propos des sanctions économiques appliquées par les Etats-Unis et leurs alliés contre son pays, Yvan Gil préfère «les qualifier de mesures coercitives unilatérales» car, selon lui, le seul organe habilité à appliquer légalement des sanctions est le Conseil de sécurité de l'ONU.
Il y a un monde au-delà des Etats-Unis et de l’Europe. Un monde très grand
Malgré l'hostilité américaine contre le gouvernement vénézuélien, le vice-ministre assure que la situation économique s'améliore et que le pays tend vers la «stabilité» grâce à «l’appui total du peuple vénézuélien», de l’armée, mais aussi de tous les amis du Venezuela à l'international. «Il y a un monde au-delà des Etats-Unis et de l’Europe. Un monde très grand. Et nous bénéficions de l’appui de la Russie, de la Chine, de l’Afrique du Sud, de l’Inde. Nous avons rencontré dans ces pays des marchés et des articulations positives», explique le vice-ministre vénézuélien. «Le bon côté des sanctions est qu’elles nous ont permis de découvrir qu’un autre monde existe, et d’établir des relations avec ce monde qui respecte le droit international et la diplomatie» ajoute-t-il.
Cet entretien a été également l'occasion d'aborder les différentes thématiques qui ont trait au Venezuela, notamment la reconnaissance par les Etats-Unis et l'Union européenne de l'opposant Juan Guaido comme président par intérim depuis son auto-proclamation fin janvier. Tout en admettant que «chaque gouvernement est souverain pour reconnaître les instances qu’il souhaite reconnaître», Yvan Gil rappelle que «dans le cas du Venezuela, le seul apte à reconnaître le gouvernement est le peuple vénézuélien» et que celui-ci a élu le 20 mai 2018 le président Nicolas Maduro à presque 68% des voix.
Entretien réalisé par Meriem Laribi