Equateur : la justice ordonne la détention préventive de l'ex-président Correa pour corruption
L'ancien président équatorien Rafael Correa est, pour la deuxième fois en deux ans, sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la justice de son pays. Cette fois, la juge exige sa détention préventive dans une affaire de corruption.
La justice équatorienne a ordonné le 8 août la détention préventive de l'ancien président Rafael Correa, qui réside en Belgique, lançant un mandat d'arrêt international à son encontre par le biais d'Interpol. Cette mesure fait partie d'une enquête pour corruption présumée dans l'attribution de contrats par l'Etat durant la présidence de Rafael Correa, qui a gouverné le pays latino-américain de 2007 à 2017.
Cette décision a déjà été appliquée à l'encontre de l'ancien vice-président Jorge Glas, déjà placé en détention, ainsi que d'autres anciens responsables de l'époque.
Rafael Correa a immédiatement réagi par le biais de son compte Twitter. Rejetant en bloc ces accusations, il a affirmé avoir des preuves qui attestent de son innocence, joignant dans la foulée à son tweet des scans de reçus bancaires et de chèques en lien avec l'affaire dans laquelle il est accusé.
País:
— Rafael Correa (@MashiRafael) August 8, 2019
El 16/mayo/2014, para cubrir sobregiro, de NUESTRO fondo voluntario (ver recibo de MIS aportes) recibí préstamo de $6.000, terminado de pagar en agosto/2015. Tengo todos los cheques y recibos
Esta es la prueba madre de “15 millones en sobornos” y “Odebrecht puso presidente” pic.twitter.com/VSfbwz88Gr
Dans une déclaration aux médias de HispanTV, l'ancien dirigeant équatorien s'est interrogé sur les multiples tentatives visant à l'inculper. Il a insisté sur le fait que les «mensonges racontés [étaient] sans fondement». Il a dénoncé l'intention de lui «nuire». «C'est un mensonge, une grande farce promue par les médias», a-t-il notamment déclaré.
Un précédent mandat d'arrêt levé par Interpol en 2018
En effet, Daniella Camacho, la juge qui vient de prendre cette nouvelle décision à l'encontre de Rafael Correa, avait déjà ordonné le placement en détention provisoire de l'ancien président en juillet 2018 après qu'il eut été accusé par un opposant d'avoir commandité son enlèvement en 2012. Un mandat d'arrêt européen avait alors été émis à l'encontre de Rafael Correa. Un mandat très rapidement levé par Interpol deux mois plus tard en raison de sa «nature politique».
La défense de l'ancien président a annoncé qu'il allait faire appel de la décision de la juge. Rafael Correa réside depuis 2017 en Belgique, pays d'où est originaire son épouse. Il dénonce une persécution politique de la part de son ancien allié politique, l'actuel président équatorien, Lenin Moreno, qu'il considère comme un traitre. Lenin Moreno a ordonné récemment le lâchage par l'Equateur du lanceur d'alerte Julian Assange qui avait trouvé refuge durant sept années à l'ambassade équatorienne à Londres. Un asile qui lui avait été accordé par Rafael Correa. Suite à la révocation de cet asile par Lenin Moreno, Julian Assange a été arrêté le 11 avril par les autorités britanniques.
Meriem Laribi