Il n'y a pas eu de chasse aux migrants à Chemnitz selon le chef du renseignement allemand
A rebours de ce qu'affirmaient de nombreux médias et politiques, le chef du renseignement allemand affirme que les «chasses collectives» à Chemnitz sont une «fausse information» destinée à «détourner l'attention de l'opinion publique».
Le président du renseignement Intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, a estimé ce 7 septembre dans un entretien au quotidien Bild qu'il n'y avait pas eu de «chasses collectives» contre les étrangers lors de débordements causés par l'extrême droite en marge d'une manifestation fin août à Chemnitz, contredisant ainsi Angela Merkel elle-même.
Il a également assuré qu'il n'y avait «pas de preuves que la vidéo circulant sur internet» montrant des agressions commises contre des personnes d'apparence physique étrangère «soit authentique». «Il y a de bonnes raisons de croire qu'il s'agit d'une fausse information intentionnelle pour éventuellement détourner l'attention de l'opinion publique du meurtre à Chemnitz», a-t-il expliqué. Un homme de 35 ans y avait été tué à coups de couteau et deux réfugiés, un Irakien et un Syrien, placés en détention provisoire.
«Je partage les doutes concernant les comptes rendus dans les médias sur des chasses collectives de l'extrême droite à Chemnitz», a également souligné le président de l'Office de protection de la Constitution. «Nous n'avons pas d'informations fiables à l'Office de protection de la Constitution selon lesquelles de telles chasses collectives ont eu lieu», a-t-il ajouté.
De bonnes raisons de croire qu'il s'agit d'une fausse information intentionnelle pour détourner l'attention de l'opinion publique du meurtre à Chemnitz
La chancelière Angela Merkel a dénoncé avec véhémence «ces chasses collectives», «la haine dans la rue» qui n'avaient «rien à faire dans un Etat de droit». La quasi-totalité des médias allemands avaient également fait état de chasses aux migrants – un phénomène qui avait suscité un vif émoi dans l'opinion et dans la classe politique.
Le parti anti-immigration AfD, ainsi que quelques personnalités de droite, avaient pris le contre-pied de la version des faits relayée par les médias. Le président chrétien-démocrate (CDU, le parti d'Angela Merkel) de la région de Saxe, où se situe Chemnitz, Michael Kretschmer, avait ainsi soutenu qu'il n'y avait pas eu de «foule en colère, de chasse collective, de pogroms» à Chemnitz.
Le meurtre de Daniel H. dans la nuit du 26 août avait déclenché des violences dans cette ville de l'ex-RDA – des échauffourées qui ont suscité un immense choc dans une Allemagne en pleine ébullition depuis l'afflux de plus d'un million de réfugiés depuis 2015.
La police avait fait état de plusieurs personnes agressées dont au moins un Syrien, un Bulgare et un Afghan et une vidéo postée sur Twitter, reprise par les télévisions allemandes notamment, montrait des violences dans la rue contre des personnes à l'apparence étrangère. L'un des journalistes ayant posté cette vidéo a confirmé à Bild l'avoir réalisée ce jour-là à Chemnitz.
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