Emmanuel Macron durcit (encore) le ton contre le Venezuela et appelle l'UE à davantage de sanctions
- Avec AFP
Le président français a fait savoir qu'il souhaitait que l'UE renforce ses sanctions contre Caracas, dont il dénonce la «dérive autoritaire». Les Etats européens avaient déjà pris des mesures anti-vénézuéliennes le 22 janvier.
Le 26 janvier, lors d'une conférence de presse à Paris avec son homologue argentin Mauricio Macri, Emmanuel Macron a demandé à ce que l'Union européenne accroisse ses sanctions contre le Venezuela. Pour justifier cet appel à la prise de nouvelles mesures punitives, le président français dénonce la «dérive autoritaire» et les «décisions récentes» de Caracas. «Je pense que l’Union européenne [UE] doit [...] réaffirmer sa position ; celle de la France en tous cas est claire, c’est une position de condamnation et un souhait pour accroître les sanctions», a-t-il affirmé sans ambages.
Si les Etats membres de l'UE ont déjà pris des sanctions contre Caracas le 22 janvier, cela n'est semble-t-il pas suffisant aux yeux du locataire de l'Elysée : «[les Etats européens ont] pris des sanctions individuelles contre des dirigeants vénézuéliens qui ont un impact limité», juge-t-il.
Je souhaite aussi que d’autres pays qui partagent [...] qui sont évidemment beaucoup plus en lien économique avec le Venezuela puissent prendre aussi des mesures de sanctions efficaces
Il a également appelé d'autres pays, sans les désigner nommément, à suivre la ligne anti-Maduro des Occidentaux. «Je souhaite aussi que d’autres pays qui partagent nos valeurs et notre attachement aux droits de l'Homme et qui sont évidemment beaucoup plus en lien économique avec le Venezuela puissent prendre aussi des mesures de sanctions efficaces. Parce que la pression sur le régime se fera le jour où celles et ceux qui peuvent exercer des pressions efficaces se mettront à agir comme nous», a-t-il ajouté.
Le gouvernement vénézuélien dans le viseur des Occidentaux
Les appels aux sanctions d'Emmanuel Macron font suite, notamment, à une très récente décision de la justice vénézuélienne.
Dans la nuit du 25 au 26 janvier, la Cour suprême de justice du pays a ordonné à l'autorité électorale d'exclure la Table de l'Unité démocratique (MUD), une importante coalition d'opposition, du scrutin présidentiel qui doit avoir lieu avant le 30 avril. La coalition de la MUD rassemble une trentaine de partis allant de la droite dure au centre. La plus haute autorité judiciaire autorise néanmoins le Conseil national électoral (CNE) à prolonger de six mois la période de réinscription des principaux partis d'opposition, leur laissant la possibilité d'y participer à titre individuel.
La coalition avait prévu de tenir des primaires pour s'accorder sur un candidat commun pour la présidentielle. Or, dans sa décision du 25 janvier, la Cour suprême de justice a proclamé que la coalition violait l'interdiction de la «double affiliation» politique et ne pouvait donc pas être autorisée à concourir au scrutin, selon l'agence Reuters.
Autre mesure vénézuélienne ayant fait réagir les Occidentaux : le gouvernement a décidé le 25 janvier d'expulser l'ambassadeur d'Espagne au Venezuela. Caracas reproche effectivement à Madrid d'avoir manœuvré au sein de l'UE pour que ses 28 Etats membres adoptent le 22 janvier des sanctions contre sept hauts fonctionnaires vénézuéliens, dont le numéro deux du gouvernement de la République bolivarienne, Diosdado Cabello, le ministre de l'Intérieur, Nestor Reverol, et la présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena.
Les Etats-Unis ont de leur côté aussi adopté plusieurs trains de sanctions financières à l'encontre du Venezuela, notamment depuis une vague de manifestations marquées par la violence durant l'été 2017.
Le président Macron avait déjà adopté, par le passé, un ton particulièrement sévère à l'encontre du Venezuela. Le 29 août notamment, le locataire de l'Elysée avait qualifié l'Etat sud-américain, présidé par Nicolas Maduro, de «dictature», lors d'un discours prononcé devant les ambassadeurs français à Paris. Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères avait alors condamné fermement les déclarations du président de la République française, et exigé du «respect» de sa part.
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