Censuré en Turquie, le journal Zaman continue de défier Recep Tayyip Erdogan en français
Vendredi 4 mars, les locaux locaux stambouliotes du journal Zaman, très critique à l'égard du président turc , ont été investis par la police à la suite d'un placement sous tutelle judicaire ordonné par un tribunal d’Istanbul.
Si en Turquie le journal constitue désormais un média porte-parole du pouvoir, l'édition française fait quant à elle de la résistance. A l'instar de l'édition allemande qui a refusé publiquement par l'intermédiaire de son rédacteur en chef, Süleyman Bag, de se plier à la nouvelle ligne éditoriale imposée par Ankara, elle entend bel et bien continuer à marquer son opposition à la politique actuelle du président turc.
Red. en chef de Zaman :"J'invite tous les démocrates turques à soutenir #Zaman, pilier de la liberté de la presse." https://t.co/G2ssMidWri
— Zaman France (@Zaman_France) 4 mars 2016
Alors que dans un tweet, le rédacteur en chef, Emre Demir, «invite tous les démocrates turcs à soutenir Zaman, pilier de la liberté de la presse», les soutiens aux journalistes évincés s'accumulent en France. Parmi eux, Edwy Plenel, qui s'insurge dans une interview accordée au site d'information turc contre la répression qui frappe les journalistes turcs. «Quel que soit le contexte, il n'y a aucune excuse pour prendre autoritairement le contrôle d'un média. Aujourd'hui, pour se battre pour la liberté de la presse, les journalistes turcs ont une arme qui est le numérique et l'Internet» dit le directeur de Mediapart.
Edwy Plenel : la censure contre Zaman «ne peut que révolter tous les démocrates» https://t.co/dKds2O9KEBpic.twitter.com/FSlTE5RpzR
— Zaman France (@Zaman_France) 7 mars 2016
Zaman, bête noire du régime turc désormais domptée
Zaman, le plus important journal d'opposition turc, est officiellement accusé par l'Etat de liens présumés avec le religieux musulman Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis, et que le gouvernement accuse d'avoir tenté de renverser le régime. Mais pour de nombreux journalistes et observateurs, le quotidien paye sa ligne éditoriale considérée comme trop virulente envers le pouvoir. Depuis sa mise sous-tutuelle débouchant ainsi sur sa nationalisation, Zaman affiche une ligne éditoriale clairement pro-gouvernementale.
Zaman, killed on Friday, wakes up on Sunday as a pro-government zombie pic.twitter.com/E7dqotT3CS
— Piotr Zalewski (@p_zalewski) 6 mars 2016
Un important projet public de construction d’un nouveau pont reliant les deux rives du Bosphore ainsi qu'une photo d'Erdogan annoçant la tenue d'une réception présidentielle à l'occasion de la journée internationale de la femme ont, entre autres, constitué la Une de sa première édition depuis son passage sous le giron du ministère de la communication. Les anciens journaliste de Zaman, ont quant eux décidé de lancer un nouveau journal, intitulé Yarina Bakis (Regard vers l'avenir).
Depuis plusieurs mois, les médias d'opposition turcs font l'objet d'une répression sans précédent. La semaine dernière, sur des allégations de «diffusion de propagande terroriste», les émissions de la chaîne IMC TV ont été stoppées en pleine interview de journalistes du quotidien national Cumhuriyet, actuellement en attente de leur procès.
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