Pétrole et gaz : la véritable cible de Trump au Groenland selon Politico

Pétrole et gaz : la véritable cible de Trump au Groenland selon Politico Source: Gettyimages.ru
Des scientifiques et des ingénieurs surveillent un forage sur le glacier Isunnguata Sermia, le 9 juillet 2024, dans l'ouest du Groenland.
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Derrière les discours sur la sécurité nationale et la géopolitique de l’Arctique, Donald Trump viserait en réalité les gigantesques réserves de pétrole et de gaz naturel du Groenland selon le média Politico. Une ambition énergétique masquée qui pourrait bouleverser les équilibres environnementaux et économiques de l’île.

Depuis plusieurs années, Donald Trump ne cache pas son intérêt pour le Groenland. Officiellement, cet intérêt est motivé par des raisons géopolitiques et sécuritaires : la position stratégique de l’île dans l’Arctique, la lutte contre l’influence croissante de la Russie et de la Chine dans la région, ou encore le contrôle des routes maritimes qui se libèrent grâce à la fonte des glaces. Mais selon un article de Politico de ce 16 janvier, les motivations réelles de l’ancien président américain seraient bien plus économiques, centrées sur les immenses réserves de pétrole et de gaz naturel que recèle le sous-sol groenlandais.

L’île, qui fait partie du royaume du Danemark mais jouit d’une autonomie élargie, dispose de ressources naturelles impressionnantes. Selon une étude de l’U.S. Geological Survey, le Groenland contiendrait 31,4 milliards de barils équivalent pétrole ainsi que 148 trillions de pieds cubes de gaz naturel. Ces chiffres, confirmés par plusieurs médias, dont les agences d'informations russes TASS et RIA Novosti, placent le Groenland parmi les territoires potentiellement les plus riches en hydrocarbures. Pour Ajay Parmar, analyste chez ICIS interrogé par Politico, «ces réserves, si elles étaient situées dans des pays comme l’Arabie saoudite ou le Qatar, attireraient immédiatement l’attention des investisseurs».

Une opportunité énergétique pour les États-Unis

Alors que les États-Unis sont déjà l’un des principaux producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, la mainmise sur le Groenland permettrait de consolider leur position dans le secteur énergétique. En effet, Donald Trump, connu pour sa politique agressive en matière d’énergie fossile, n’a jamais caché son objectif de réduire la dépendance américaine aux importations de ressources. À plusieurs reprises, il a rappelé son slogan «drill, baby, drill» (forer, bébé, forer), illustrant sa volonté d’exploiter tous les gisements disponibles, y compris dans des régions aussi reculées et fragiles que l’Arctique.

Selon The Spectator, les gisements pétroliers et gaziers du Groenland sont particulièrement stratégiques en raison de leur localisation, à proximité des routes maritimes de l’Arctique qui gagnent en importance avec le changement climatique. En s’implantant au Groenland, les États-Unis pourraient non seulement réduire l’accès de la Chine à ces ressources, mais aussi contrer la militarisation de la région.

Un moratoire sous pression

Pourtant, l’exploitation de ces réserves se heurte à une réalité locale : depuis 2021, le Groenland a imposé un moratoire sur l’extraction de pétrole et de gaz pour préserver son environnement. Les dirigeants du parti Inuit Ataqatigiit, aujourd’hui au pouvoir, ont promis de «prendre la crise climatique au sérieux» et de privilégier une économie durable basée sur le tourisme et la pêche.

Cependant, ce moratoire pourrait être remis en question sous la pression américaine. Selon RIA Novosti, Washington aurait l’intention de proposer d’importants investissements en échange d’un accès aux ressources énergétiques du Groenland. Ces manœuvres diplomatiques suscitent l’inquiétude des écologistes, qui redoutent une levée du moratoire. «Les impacts environnementaux seraient catastrophiques. La faune et la flore arctiques, déjà fragilisées, pourraient mettre des décennies à se rétablir», a averti Anne Tolvanen, experte de l’Institut des ressources naturelles de Finlande, dans une étude relayée par The Spectator.

Les hydrocarbures, une bombe climatique

Pour les défenseurs de l’environnement, l’exploitation des hydrocarbures au Groenland ne représente pas seulement une menace locale, mais un risque majeur pour la planète entière. Kirtana Chandrasekaran, militante de l’organisation Friends of the Earth, a déclaré à Politico : «Ouvrir de nouveaux champs pétroliers dans l’Arctique serait une bombe climatique. Cela annihilerait les efforts mondiaux pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré.»

Malgré cela, Donald Trump semble déterminé à intégrer le Groenland dans sa stratégie énergétique. Selon CNN, il considère l’île comme une «nécessité absolue» pour garantir la sécurité économique des États-Unis. En relançant cette initiative, il mise sur le potentiel économique colossal de l’Arctique, tout en contournant les restrictions environnementales qui freinent l’exploitation de nouvelles ressources ailleurs dans le monde.

Un avenir incertain

Face à ces ambitions, les autorités groenlandaises et danoises ont réaffirmé leur opposition à toute tentative américaine de prise de contrôle. «Nous ne sommes pas à vendre», a déclaré le Premier ministre groenlandais Múte Egede dans un communiqué publié en janvier 2025, relayé par Politico. Mais au-delà de ces déclarations fermes, les défis économiques auxquels le Groenland fait face, notamment sa dépendance à une subvention annuelle de 500 millions de dollars du Danemark, pourraient fragiliser cette position.

En effet, certains experts, comme Klaus Dodds, professeur de géopolitique à l’université Royal Holloway de Londres, n’excluent pas qu’un compromis puisse être trouvé, notamment sous forme de partenariat économique entre les États-Unis et le Groenland. «Un Groenland indépendant pourrait être tenté par les promesses de soutien financier de Washington», a-t-il déclaré à CNN.

Pour l’heure, l’avenir du Groenland reste incertain. Mais une chose est claire : les immenses réserves de pétrole et de gaz de l’île continueront d’attirer les convoitises, au risque de bouleverser son fragile équilibre environnemental et politique.

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