Cessez-le-feu à Gaza : le ministre israélien Smotrich se prononce contre tout accord, une position « honteuse » selon Washington
Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, a fait savoir qu'il refusait catégoriquement la reprise des pourparlers voulue par les États-Unis pour obtenir un cessez-le-feu. Il affirme qu'un accord pourrait nuire à la sécurité de l'État hébreu. Des propos qui ont été condamnés par l'administration Biden.
Alors que l'État hébreu a répondu positivement à la reprise des négociations prévue le 15 août prochain et voulue par les États-Unis, le Qatar et l'Égypte, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances a fait part de son refus et de son agacement concernant la position américaine.
«Je respecte la position des États-Unis et les remercie pour leur soutien à Israël face aux menaces régionales, mais j'attends d'eux qu'ils respectent la démocratie israélienne et la position des citoyens israéliens», a indiqué le ministre ultranationaliste sur son compte X le 10 août.
Il reproche notamment à Washington de vouloir parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza en indiquant que «tout comme les États-Unis rejetteraient les pressions internationales visant à parvenir à un accord de capitulation avec Al-Qaïda et Ben Laden, Israël ne se soumettrait à aucune pression extérieure susceptible de nuire à sa sécurité».
«Accord de reddition de Sinwar»
En effet, Bezalel Smotrich refuse catégoriquement tout accord avec le Hamas à Gaza.
Pour lui, «l'accord de reddition de Sinwar, qui laisse mourir la plupart des personnes enlevées, qui libère de nombreux meurtriers, renvoie les terroristes au nord de la bande de Gaza, (...) est mauvais pour Israël et met en danger sa sécurité.»
Et de conclure: «nous nous y opposerons de toutes nos forces. Aucune critique ni aucune attaque ne me détourneront du but».
Smotrich prône la famine à Gaza
Les propos du ministre israélien n'ont pas manqué de faire réagir l'administration américaine. Par l'intermédiaire du porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, Washington a fait savoir qu'il ne permettrait pas «aux extrémistes» de torpiller un accord sur le cessez le feu.
Le responsable américain a également noté que Bezalel Smotrich «devrait avoir honte» de mettre en doute les intentions qui sont celles du président américain Joe Biden, déclarant que «l’idée que Biden soutiendrait un accord qui mettrait en péril la sécurité d’Israël est tout simplement erronée dans les faits ; elle est scandaleuse, elle est absurde».
Le ministre israélien avait également choqué la communauté internationale après ses propos tenus lors d'une conférence le 5 août dernier. Il avait notamment indiqué que «nous ne pouvions pas, dans la réalité mondiale actuelle, gérer une guerre. Personne ne nous laissera faire mourir de faim deux millions de civils, même si cela pourrait être justifié et moral, jusqu’à ce que nos otages nous soient rendus».
Pluie de condamnations
Les États-Unis, allié traditionnel d'Israël, se sont dit «consternés» par ses propos. «Nous sommes consternés par ces déclarations et nous réitérons que cette rhétorique est nuisible et inquiétante», a déclaré un porte-parole du Département d’État dans un communiqué.
Même son de cloche de la part de l'ONU. «Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, condamne avec la plus grande fermeté ces propos, qui incitent également à la haine contre des civils innocents», a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme Jeremy Laurence. Selon les Nations Unies, «le fait d’affamer des civils comme méthode de guerre est un crime de guerre».
L'Union européenne, la France ou encore le Royaume-Uni ont également condamné les propos du ministre israélien.
L'Iran a également réagi en déclarant par l'intermédiaire du porte-parole de son gouvernement. «Le monde doit comprendre que la bande criminelle sioniste n’obéira aux lois internationales que face à la pression et aux mesures décisives et dissuasives, sinon, elle ne connaît aucune limite à ses crimes et actions odieuses».