Malgré l'insistance de Kiev, Israël ne fournira finalement pas d'armes à l'Ukraine
Par la voix de son ministre de la Défense, Israël a renoncé à fournir des armes à Kiev mais continuera à envoyer une aide humanitaire. L'Etat hébreu ménagerait ainsi Moscou pour garder sa liberté d'action contre les forces pro-iraniennes en Syrie.
Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a déclaré ce 19 octobre qu'Israël ne fournirait pas d'armes à l'Ukraine, deux jours après une mise en garde de l'ex-président russe Dmitri Medvedev contre la fourniture d'armement israélien à Kiev.
«Notre politique à l'égard de l'Ukraine ne changera pas. Nous continuerons à soutenir l'Occident et à nous tenir à ses côtés, mais nous ne fournirons pas de système d'armement à l'Ukraine», a-t-il déclaré lors d'un briefing aux ambassadeurs de l'Union européenne, selon un communiqué diffusé par ses services.
Il a cependant réitéré l'engagement d'Israël à continuer de fournir de l'aide humanitaire à l'Ukraine. «Israël a une politique de soutien à l'Ukraine via l'aide humanitaire et la livraison d'équipements défensifs vitaux. Je prévois d'examiner et d'approuver un ensemble d'aides supplémentaires, comme nous l'avons fait dans le passé», a-t-il ajouté.
Ménager la Russie pour continuer de frapper l'Iran en Syrie ?
L'actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev avait mis en garde le 17 octobre Israël contre des livraisons d'armes à l'Ukraine, estimant que cela «détruirait» la relation avec la Russie.
«Israël semble s'apprêter à livrer des armes au régime de Kiev. C'est une mesure très imprudente. Elle détruira toutes les relations inter-étatiques entre nos pays», avait-il estimé sur son compte Telegram. Interrogée par l'AFP sur ces propos, une porte-parole du Premier ministre israélien Yaïr Lapid avait refusé de commenter. L'Ukraine a à plusieurs reprises appelé Israël à la soutenir, alors que les autorités israéliennes et russes entretiennent des relations étroites. Les autorités israéliennes ont jusqu'ici limité leur coopération avec l'Ukraine à de l'aide humanitaire et à des livraisons de matériel non létal afin de ménager sa relation avec Moscou.
L'Etat hébreu a en particulier toujours refusé de livrer sa technologie défensive du Dôme de fer, une arme capable d'intercepter différents types de missiles. Un refus qui pourrait ne pas être sans une arrière-pensée géopolitique : Israël est en effet devenu de facto un voisin de Moscou en Syrie. Si la Russie est alliée avec les forces syriennes et iraniennes sur le terrain, un accord tacite stipulerait que les Russes ne s'opposent pas aux frappes israéliennes contre les milices pro-Téhéran en Syrie. Un équilibre instable qu'Israël n'a pas intérêt à compromettre.