Yémen : faute d'accord entre le gouvernement et les rebelles houthis, la trêve prend fin
- Avec AFP
Malgré les tentatives de l'ONU, les différents belligérants au Yémen n'ont pas encore renouvelé le cessez-le-feu qui a expiré le 2 octobre. Les rebelles houthis ont menacé l'Arabie saoudite et les Emirats, faisant craindre une reprise du conflit.
L'ONU dit négocier une nouvelle trêve au Yémen, pays dévasté par plus de sept ans de guerre où un cessez-le-feu en vigueur depuis six mois a expiré sans prolongation le 2 octobre. De leur côté, les rebelles houthis menacent l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, membres d'une coalition militaire pro gouvernementale.
La trêve en vigueur depuis le 2 avril et renouvelée in extremis à deux reprises, a expiré le 2 octobre sans que le gouvernement yéménite et les rebelles houthis ne soient parvenus à un accord permettant de la reconduire. Le conflit qui ravage le Yémen oppose les forces gouvernementales, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite, aux rebelles Houthis, proches de l'Iran. Les insurgés contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire dans le nord et l'ouest du pays.
L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a «regretté» le non renouvellement de la trêve, promettant des «efforts acharnés» pour la raviver. «Je continuerai à travailler avec les deux parties pour essayer de trouver des solutions», a assuré le diplomate suédois dans un communiqué publié le 2 octobre, affirmant avoir soumis aux belligérants une proposition visant à prolonger la trêve pour une période de six mois supplémentaires comportant de «nouveaux éléments».
Il a remercié le gouvernement yéménite d'avoir réagi «positivement» à ses propositions. En revanche, les rebelles houthis ont jugé qu'elles ne répondaient pas aux aspirations du peuple yéménite, menaçant de reprendre leurs attaques contre les principaux pays membres de la coalition. Le gouvernement yéménite, via un tweet de son ambassade aux Etats-Unis, a appelé le 2 octobre le Conseil de sécurité de l'ONU à «la fermeté vis-à-vis des Houthis en raison de leur refus de prolonger la trêve et de leurs dernières menaces».
Nos forces armées sont capables de priver les Saoudiens et les Emiratis de leurs ressources s'ils insistent pour priver notre peuple yéménite de ses ressources
Dans un communiqué relayé par Saba, l'agence de presse des Houthis, le porte-parole de leurs forces armées Yahya Sari a explicitement menacé de viser les «compagnies pétrolières aux Emirats et en Arabie saoudite», deux des plus importants exportateurs de brut au monde. «Nos forces armées sont capables de priver les Saoudiens et les Emiratis de leurs ressources s'ils insistent pour priver notre peuple yéménite de ses ressources» a-t-il prévenu sur son compte twitter.
«Nos forces armées ne resteront pas les bras croisés si l'agression et le blocus se poursuivent», a mis en garde de son côté le Conseil politique suprême des rebelles dans un communiqué, menaçant de viser les «aéroports, ports et compagnies pétrolières des pays ennemis».
Un désastre humanitaire
En 2019, des attaques aériennes revendiquées par les Houthis contre deux installations du géant pétrolier Aramco, dans l'est de l'Arabie saoudite, avaient temporairement interrompu la moitié de la production de brut dans le royaume.
En mars, une autre attaque contre des installations d'Aramco avait encore provoqué une baisse temporaire de la production. Le conflit dévastateur a plongé le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dans l'une des pires tragédies humanitaires au monde, que les trêves de deux mois successives avaient permis de relativement atténuer, selon les organisations humanitaires. L'ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council) a appelé le 2 octobre les belligérants à «reconsidérer leur position».
La trêve a montré que «des solutions sont possibles lorsque [les parties] acceptent de s'y consacrer, au lieu de se battre», a déclaré dans un communiqué Erin Hutchinson, directrice de cette organisation pour le Yémen. Outre la cessation relative des violences, les trêves successives ont notamment permis le retour des vols limités depuis et vers l'aéroport de Sanaa, pour la première fois en six ans. Elles ont également ouvert la voie à l'acheminement plus fluide des marchandises, des carburants et de l'aide humanitaire dont dépendent deux tiers de la population d'environ 30 millions d'habitants.
Le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts et au moins trois millions de déplacés, d'après les Nations unies. Selon les termes de l'ONU, le conflit a mené à la «pire crise humanitaire au monde».