«Soumission» : un journaliste basé à Bruxelles raille ses confrères présents au discours de Macron
Le journaliste Jean Quatremer a participé à distance à la conférence de presse d'Emmanuel Macron consacrée à la présidence française de l'UE. Sur Twitter, il a moqué ses confrères qui, présents sur place, se sont levés à l'arrivée du chef de l'Etat.
Correspondant du journal Libération à Bruxelles, et par ailleurs animateur de l'émission La faute à l'Europe ? (France Info), Jean Quatremer fut un soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, notamment en faisant un don à son mouvement En Marche. Dans le cadre de l'actuel quinquennat, le journaliste a d'ailleurs, à plusieurs reprises, salué la politique du chef de l'Etat à l'échelle de l'Union européenne (UE), tout en restant critique sur d'autres sujets.
Le 9 décembre, c'est à distance que ce spécialiste des questions européennes a interrogé l'actuel locataire de l'Elysée lors de sa présentation de la présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE). Il a d'abord questionné Emmanuel Macron sur sa vision des valeurs européennes au regard des tractations politiques en cours avant le prochain renouvellement de la présidence de l'europarlement ; avant d'aborder le thème de la libre circulation au sein de l'espace Schengen, qu'il a qualifiée de «souvenir» eu égard aux multiples mesures entérinant temporairement «un retour aux frontières internes».
Courtoisie ? J’y vois de la soumission
Par ailleurs, depuis Bruxelles, le journaliste de Libération a exprimé sur les réseaux sociaux sa stupeur concernant le fait que ses confrères, participant physiquement à la conférence de presse à l'Elysée, se soient levés à l'arrivée du chef de l'Etat. «Les journalistes qui se lèvent quand le Président de la République arrive…», a-t-il écrit dans un premier tweet, agrémenté du hashtag «#MonarchieRépublicaine», avant que sa remarque n'interpelle quelques commentateurs.
Les journalistes qui se lèvent quand le Président de la République arrive … #monarchierépublicaine
— Jean Quatremer (@quatremer) December 9, 2021
A l'un d'entre eux qui voyait dans ce geste une marque de courtoisie, le journaliste a répondu : «Courtoisie ? J’y vois de la soumission.»
Courtoisie? J’y vois de la soumission
— Jean Quatremer (@quatremer) December 9, 2021
Quatremer, journaliste attaché à la politique européenne de Macron
En mars 2017, Jean Quatremer s'était félicité sur les réseaux sociaux d'avoir apporté une contribution financière à la structure organisant la campagne d'Emmanuel Macron, «En Marche», son initiative faisant suite au manque d'ambition européenne qu'il attribuait alors à de nombreux responsables politiques, en premier lieu au chef de l'Etat en fonction, François Hollande.
Un an plus tôt, le journaliste avait même justifié par son engagement pro-européen le fait d'avoir accepté de modérer une conférence sur le Brexit en présence d'Emmanuel Macron – à ce moment ministre de l'Economie –, de l'homme politique franco-allemand Daniel Cohn Bendit, ainsi que de Sylvie Goulard. Alors eurodéputée, celle-ci deviendra ensuite ministre des Armées dans l'éphémère gouvernement Philippe 1, et sera plus tard proposée par Emmanuel Macron pour le poste de commissaire européenne.
«J'ai pas l'habitude d'animer des débats avec des ministres en exercice [...] Là j'ai accepté, exceptionnellement, non pas parce que j'ai une passion charnelle pour Emmanuel Macron mais c'est le seul qui depuis quatre ans parle d'Europe dans ce gouvernement que je trouve tout à fait désespérant [...]. On attend, comme sœur Anne, des propositions du président de la République pour relancer l'Europe», avait-il entre autres déclaré en préambule à cette conférence. Celle-ci avait notamment été marquée par une relative complicité entre les différents interlocuteurs, tant par le tutoiement entre certains d'entre eux que par l'animosité générale des conférenciers à l'égard d'un Royaume-Uni ayant fait le choix du Brexit.
Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, Jean Quatremer s'est néanmoins parfois montré critique vis-à-vis de sa politique au niveau national, tout en maintenant globalement son approbation des choix du président de la République à l'échelle de l'Union européenne. «Sur l’Europe, je continue à approuver ce que fait Macron», expliquait-il par exemple fin 2020 sur Twitter.