Immigration et natalité, les deux leviers du «pacte démographique» proposé par François Bayrou
- Avec AFP
Le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, plaide dans une note transmise à l'AFP pour un «pacte national pour la démographie», afin de sauver le modèle social français, en misant sur la natalité et/ou l'immigration.
Dans une note que l'AFP a pu consulter, le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, a proposé le 15 mai un «pacte démographique» pour sauver le modèle social français.
«Assurer notre avenir démographique» passe par «deux voies : avoir plus d'enfants ou accueillir des personnes d'autres pays», écrit l'ancien ministre, pour qui «la France devra jouer des deux leviers dans des proportions raisonnables qui garantissent le maintien de la cohésion nationale».
«La France a sans doute plus besoin encore que ses voisins d'une démographie dynamique car son modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations», notamment à travers le système de financement par répartition des retraites.
Ce modèle est une «singularité française» fondée sur le principe du «tous pour chacun», et «la démographie devient la clé même de la durabilité et de la générosité du contrat social», écrit François Bayrou.
Alors que la France connaissait depuis plusieurs années une réelle dynamique démographique, des signes très préoccupants d'un «dérèglement de cette dynamique» apparaissent, selon François Bayrou. L'indice de fécondité se tasse – de 2,02 enfants par femme en 2010 à 1,83 en 2019 – et le nombre de naissances baisse année après année : 753 000 en 2019 contre 818 000 en 2014.
«Il manquerait 40 à 50 000 naissances par an pour assurer le renouvellement des générations», est-il précisé dans la note du haut-commissariat. Dans le contexte du Covid-19, une baisse «tangible en 2020» des naissances est remarquée (-7% par rapport à décembre 2019). En janvier 2021, la baisse a été de 13% par rapport à l'année précédente.
Pour 2020, le solde migratoire est pour sa part «estimé de manière provisoire [à] plus 87 000 personnes», un chiffre à comparer avec le solde naturel (les naissances moins les décès) qui était de 149 000 en 2018 et 140 000 en 2019. En 2020, année marquée par le Covid-19, le solde naturel est estimé à 67 000. «L'apport des migrations peut aider à améliorer le rapport actifs-retraités, et donc la capacité de financement de nos systèmes sociaux», ajoute François Bayrou.
Débat miné en période électorale, l'apport migratoire n'est pas «une solution d'évidence», reconnaît auprès de l'AFP François Bayrou. «D'abord parce que l'impact sur la démographie n'est pas immédiat et ensuite parce que cela présente des difficultés sociale et culturelle», admet-il.
Soutenir la politique familiale par davantage d'aides
Parallèlement, il milite pour «une ambition démographique dans notre pays». «La politique familiale soutient la natalité» et cela passe par l'accueil de la petite enfance qui en est «l'un des leviers les plus puissants», sur lequel «des efforts supplémentaires sont à accomplir». Tout comme sur les politiques de logement «qui permettent d'accéder à une forme d'indépendance» et sur les conditions d'accès à l'emploi des jeunes.
«Il faut une politique familiale qui permette aux gens d'avoir le nombre d'enfants qu'ils souhaitent», argumente le patron du MoDem, rappelant que la dégradation de la natalité en France a été concomitante des mesures fiscales touchant notamment le quotient familial.