«La France ce n'est pas les Etats-Unis» : Castaner promet de punir tout «soupçon avéré» de racisme
Christophe Castaner a annoncé une tolérance 0 sur le racisme au sein de l'institution policière, lors d'une conférence de presse. Plus tôt, Emmanuel Macron avait chargé les membres du gouvernement de monter au créneau sur le sujet.
Le ministre de l'Intérieur a pris la parole le 8 juin dans un contexte de multiplication des révélations de comportements racistes et de dénonciations de violences chez les forces de l'ordre françaises. L'intervention de Christophe Castaner était attendue dans un contexte de manifestations en France dans la foulée de la polémique sur la mort de George Floyd fin mai à Minneapolis et qui a engendré manifestations et violences aux Etats-Unis.
Je voudrais que chacun se rappelle que la France ce n'est pas les Etats-Unis
«Je voudrais que chacun se rappelle que la France ce n'est pas les Etats-Unis», a déclaré le ministre après s'être livré à une dénonciation du racisme. Il a ensuite annoncé plusieurs décisions parmi lesquelles un renforcement de la lutte contre le racisme chez les forces de l'ordre. «Aucun raciste ne peut porter dignement l'uniforme de police ou de gendarmerie», a-t-il déclaré. «Aussi, j'ai demandé à ce qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'actes ou de propos racistes», a-t-il ajouté, évoquant une «tolérance 0» pour ce type de comportements.
Pas question cependant pour le ministre de jeter l'oprobre sur l'institution toute entière. «Je refuse de dire que l'institution est raciste mais, oui, il y a des policiers racistes», a-t-il déclaré lors d'une séance de questions de journalistes à l'issue du point presse.
Fin de la méthode de la «prise par le cou»
Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs déclaré l'abandon de la technique de «prise par le cou, dite de l'étranglement». «Elle ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C'est une méthode qui comportait des dangers», a ajouté Christophe Castaner. Il a aussi annoncé une réforme «en profondeur des inspections du ministère de l'Intérieur», pour «plus d'indépendance». Lorsqu'un interpellé sera au sol, il sera par ailleurs interdit de s'appuyer sur «sa nuque ou son cou».
Au sujet de l'arrestation à Bondy (Seine-Saint-Denis), le 25 mai, du jeune Gabriel, 14 ans, qui accuse les policiers de l'avoir blessé gravement à l’œil en l'arrêtant, Christophe Castaner a évoqué une affaire ayant «marqué de nombreux Français». «La lumière sera faite et les déclarations des policiers sont en ce moment confrontées aux expertises médicales», a-t-il assuré.
Pendant son discours, Christophe Castaner a par ailleurs dénoncé l'hostilité envers la police agitée par certains militants, notamment en scandant : «Suicidez-vous !», ou «Tout le monde déteste la police !», au cours de manifestations. En outre, pas question pour le ministre d'ignorer les violences subies par les policiers : «Nous ne pouvons ignorer les insultes et les coups [subis par les policiers et les gendarmes]», a-t-il précisé.
Il a aussi annoncé une réforme «en profondeur des inspections du ministère de l'Intérieur», l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), son homologue de la gendarmerie (IGGN) et l'inspection générale de l'administration (IGA) pour «plus d'indépendance».
Plusieurs manifestations ont eu lieu en France pour dénoncer les violences policières et le racisme au sein des forces de l'ordre en France dans la foulée des manifestations américaines sur la mort de George Floyd aux Etats-Unis. L'une d'entre elles à Paris, à l'appel de la famille d'Assa Traoré, a réuni quelque 20 000 participants malgré son interdiction formelle par la Préfecture de police.
«On comprends cette colère, le problème c'est que pour nous elle mal dirigée», a déclaré sur RT France Alexandre Langlois, du syndicat policier Vigi. Pour lui, la responsabilité des dérives racistes dénoncées dans la police française incombe à l'«Etat qui laisse faire» ces comportements depuis des années.