Drones de surveillance : la préfecture de police de Paris attaquée en justice par deux associations
En pleine crise sanitaire, des drones sont utilisés dans plusieurs villes de France par les forces de l'ordre pour faire respecter le confinement. Dénonçant un «dispositif illégal», deux associations attaquent la préfecture de police de Paris.
«Depuis le début du confinement et un peu partout en France, la police prétend se faire assister de drones pour lutter contre les infractions», peut-on lire en préambule d'un communiqué commun de la Quadrature du Net et la Ligue des Droits de l’Homme, paru ce 4 mai.
Les deux associations, respectivement spécialisées dans la défense des libertés et la défense des droits de l'Homme, ont annoncé avoir déposé «un recours en urgence contre le déploiement de drones par la préfecture de police de Paris».
Entre autres griefs de cette requête en référé, le texte dénonce «une atteinte grave [...] aux libertés fondamentales que sont le droit à la vie privée et le droit à la protection des données personnelles».
Dans une courte vidéo postée sur les réseaux sociaux, les deux associations déplorent notamment une dépense de quatre millions d'euros «pour surveiller la ville depuis le ciel».
#Technopolice
— La Quadrature du Net (@laquadrature) May 4, 2020
Nous venons de déposer un recours en urgence avec @LDH_Fr contre le déploiement des #drones par @prefpolice à Paris
Cette pratique se fait hors tout cadre légal et constitue une atteinte grave à nos libertés : elle doit être arrêtée.https://t.co/N6LTCAjeRepic.twitter.com/BEVsn899M1
Le déploiement de ces drones «se fait en l’absence de tout cadre légal spécifique quant à l’utilisation des images filmées [et] augmente de manière inédite les capacités de surveillance de la police», dénoncent les deux organismes qui expliquent avoir déposé un référé-liberté devant le tribunal administratif de Paris «pour lui demander de faire cesser immédiatement ce dispositif illégal».
«Le déploiement de ces drones, déjà utilisés notamment pour la surveillance des manifestations, ne fait que s’amplifier avec la crise sanitaire», déplorent les auteurs du communiqué qui citent un rapport sénatorial, évoquant le déclenchement de 535 vols de drones dont 251 de surveillance «entre le 24 mars et le 24 avril».
De son côté, la préfecture de police vante depuis plusieurs semaines les capacités de ses drones à travers une série de vidéos régulièrement diffusées sur les réseaux sociaux. Hasard du calendrier, la veille de la publication du communiqué annonçant le recours en justice des associations susmentionnées, la préfecture de police postait de son côté sur Twitter l'épisode 5 de sa saga «Paris vu par les drones de la préfecture de police».
🎥👮 | Paris vu par les drones de la @prefpolice.
— Préfecture de Police (@prefpolice) May 3, 2020
Épisode 5 : Survolez le Champs de Mars jusqu'à la Tour Eiffel comme vous ne l'avez jamais vue. pic.twitter.com/wSGminiUPD
Paris n'est pas la seule ville où sont utilisés ces petits aéronefs télécommandés pour faire respecter le confinement national dans le cadre de la crise sanitaire. A Nice par exemple, cela fait plusieurs semaines qu'un drone muni d'un haut-parleur survole la promenade des Anglais et le centre-ville pour diffuser des messages ordonnant aux habitants de rester chez eux.