Passes d'armes au sein du gouvernement français : les délicats premiers pas de Michel Barnier

Passes d'armes au sein du gouvernement français : les délicats premiers pas de Michel Barnier© Christophe Ena Source: AP
Le Premier ministre Michel Barnier devant le palais de l'Élysée le 23 septembre, deux jours après l'annonce de la composition de son gouvernement.
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Cinq jours après l’annonce de son gouvernement, Michel Barnier a déjà dû faire face à plusieurs polémiques au sein de ses équipes. Un ministre issu du parti présidentiel a laissé entendre qu'il ne traiterait pas avec le RN et deux ministres, l'un républicain l'autre socialiste, se sont livrés à un duel médiatique sur fond d'exécution des peines.

Le ministre de l’Économie qui s’attaque au Rassemblement national (RN) et le ministre de la Transition écologique qui lui emboîte le pas, mais aussi le ministre de la Justice qui s’en prend à son collègue à l’Intérieur... En moins d’une semaine, le gouvernement de Michel Barnier aura connu trois polémiques, témoignant de la ligne de crête sur laquelle marche le nouveau Premier ministre.

Contraint de composer avec une aile gauche hostile au RN mais obligé de tenir compte de la capacité de censure du parti dirigé par Marine Le Pen, le nouveau gouvernement se trouve sous le feu des critiques du Nouveau Front populaire (NFP) qui continue de revendiquer la victoire aux dernières législatives.

Plusieurs appels à la démission du ministre de l’Économie

Antoine Armand, successeur de Bruno Le Maire au ministère de l’Économie, est pressé tant sur sa droite que sur sa gauche de démissionner. Pernelle Richardot, conseillère municipale socialiste à Strasbourg, a ainsi apporté sur X (ex-Twitter) son «soutien républicain» au ministre le 24 septembre tout en affirmant qu’il devait «aller au bout de ses convictions républicaines et donner sa démission de ce gouvernement», évoquant même un exécutif «à la solde de l’extrême droite».

À droite également, des personnalités ont suggéré au ministre de s’en aller, à l’image de Marc Dubief, un élu du parti de David Lisnard, Nouvelle énergie. «Si vous êtes convaincu d'être dans le vrai, il faut démissionner», a lâché cet adjoint au maire de Bron, aussi sur X.

Antoine Armand, issu des rangs du parti présidentiel, avait en effet estimé sur le plateau d'une radio publique que le RN n’appartenait pas à «l’arc républicain» et devait être tenu à l’écart des travaux de son ministère. Une sortie qui lui avait valu d'être rappelé à l’ordre par le Premier ministre, qui selon une radio française l’aurait ainsi apostrophé : «Encore une comme ça et dehors !»

«Le RN porte des idées qui sont dangereuses» : Agnès Pannier-Runacher également à contre-courant

Alors que son collègue a dû rétropédaler et que son ministère a produit un communiqué pour revenir sur les propos qu'il avait tenus, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a remis une pièce dans la machine le 25 septembre, en déclarant sur le plateau d'une chaîne privée : «Le RN porte des idées qui sont dangereuses pour le pacte républicain. Je n’adhère pas à ces idées.»

Toutefois, celle-ci a fortement nuancé ses propos en évoquant la question du dialogue avec les différentes formations politiques. «Un ministre, ça répond à tous les députés. Vous avez des questions écrites, on y répond […] Ça n’a rien à voir avec le fait d’adhérer aux idées ou de négocier sur des textes avec le Rassemblement national», a-t-elle assuré.

La veille, la ministre avait également pris à partie le maire de Cannes David Lisnard concernant la gestion de sa ville lors des intempéries et le Premier ministre, qui appartient comme lui aux Républicains, avait appelé l'édile pour s’en excuser.

Le surlendemain de l’annonce de la composition du gouvernement, le 23 septembre, le ministre de la Justice Didier Migaud (ex-PS) a lui pris à partie le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dans le cadre du débat sur l’exécution des obligations de quitter le territoire (OQTF) pour les étrangers délinquants.

«Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est une chose essentielle dans une démocratie», a notamment déclaré le nouveau garde des Sceaux, alors que son collègue de l'Intérieur venait de dénoncer «l’inexécution des peines» et avait réaffirmé sa volonté de «changer la politique pénale».

«L’indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement et du peuple français à travers les lois que le Parlement peut voter», a répliqué, le lendemain, le ministre de l'Intérieur.

Ce 26 septembre, les deux ministres ont été reçus à Matignon pour rencontrer Michel Barnier et, selon la presse française, trouver une «ligne commune».

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