France : l’armée de terre fait face à des difficultés inédites de recrutement
La France connaît une pénurie de ressources humaines dans l’armée. Un phénomène inquiétant, avec un manque de 2 000 à 2 500 personnels pour l’année en cours. D’autres pays occidentaux connaissent le même problème.
Un manque de 12,5 à 15,6% pour l’exercice 2023, selon les chiffres annoncés par le directeur des ressources humaines de l’armée, le général Marc Conruyt, ce 5 octobre devant l’Association des journalistes de défense. Le constat est lourd : l’armée de terre ne parviendra pas à atteindre ses objectifs de recrutement pour l’année en cours, et cette carence met à mal le renouvellement générationnel de l’institution militaire française. C’est la première fois en une décennie qu'elle se trouve dans cette situation.
L’armée de terre confrontée à une première crise de recrutement
— Association des journalistes de défense (AJD) (@AJDPresse) October 5, 2023
Entre 2000 et 2500 militaires manqueront cette année par rapport à l’objectif fixé.
Par @NicolasBarotte@Le_Figaro
Publié hier à 18:49, mis à jour il y a 1 minutehttps://t.co/hlVEgOxhNF
«Des difficultés inédites»
Cité dans Le Figaro, le général Conruyt évoque «des difficultés inédites» en matière de recrutement. Sur les 16 000 nouveaux soldats qui doivent être recrutés au cours de l’année, 2 000 à 2 500 manquent à l’appel. Etonnamment, cette question du recrutement ne figure pas dans la loi de programmation militaire 2024-2030, si ce n’est dans le cadre du renseignement.
Si l’officier estime que les «fondations sont solides», la diminution des vocations militaires peut néanmoins inquiéter car si l’armée parvient à recruter des fantassins, elle éprouve plus de difficultés à mettre la main sur des spécialistes dans les domaines plus spécifiques comme le numérique.
Ce recul du recrutement touche aussi les officiers qui, selon le rapport du Haut comité d'évaluation de la condition militaire 2023, connaîtraient un «mal-être» dans l’institution par manque de reconnaissance et se plaindraient d’une «indifférence au mieux bienveillante» auprès des civils.
Le général Schill, cité par Le Figaro, s’interroge lui sur l’intérêt des carrières dans l’armée française : «Est-ce qu'un exercice organisé dans le cadre de l'OTAN est aussi bien qu'une mission au Sahel…», interroge-t-il.
Berlin et Washington également touchés
La France n’est cependant pas le seul Etat occidental à la peine avec son armée. Ainsi, l’Allemagne connaît également un défaut de recrutement (en recul de 7%, avec un taux d'abandon de 30% chez les volontaires en 2023, selon le ministre Boris Pistorius). Le fonds spécial de 100 milliards d'euros réuni dans la foulée du conflit en Ukraine pour moderniser la Bundeswehr ne semble pas suffire.
Enfin, les Etats-Unis ne sont pas en reste, avec un manque de 15 000 recrues sur un objectif de 65 000 pour l'armée américaine en 2023. Un problème récurrent outre-Atlantique, aux causes profondes : «Seulement 23% environ des enfants entre 16 et 21 ans sont capables de répondre à nos normes, et une partie de cela, franchement, reflète le problème d'obésité que nous avons dans notre pays», admettait ainsi la sous-secrétaire à l'armée Christine Wormuth en octobre 2022.