Émeutes post-électorales au Mozambique : le chef de l'opposition rentre au pays
L’opposant Venancio Mondlane avait fui le Mozambique en octobre, dans la foulée d’élections générales contestées. Son retour a donné lieu à des rassemblements et des affrontements avec la police. Après des mois d’émeutes qui ont fait plus de 300 morts, le candidat de Podemos s’est dit prêt au dialogue avec le pouvoir.
Le chef de l'opposition mozambicaine, Venancio Mondlane, est rentré au pays ce 9 janvier et a déjà annoncé son intention de poursuivre la lutte contre le parti au pouvoir, le Frelimo, à un moment où la rue mozambicaine est toujours en ébullition depuis les résultats des élections du 9 octobre qui ont reconduit le Frelimo à la tête de l’État.
Mondlane est arrivé à l'aéroport de la capitale Maputo, où il s'est adressé à une foule de partisans, une Bible à la main. «Je me battrai pour ce pays jusqu'au bout», a déclaré l’opposant, cité par la presse locale et internationale, promettant de continuer la lutte «jusqu’à ce que la vérité des urnes soit reconnue».
Alors qu’un important dispositif de sécurité avait été mis en place autour de l’aéroport, l’événement a donné lieu à des rassemblements de ses partisans qui ont très vite dégénéré en affrontements avec la police. Au moins trois personnes sont décédées sous les tirs des forces de l’ordre, a rapporté la presse locale.
Mondlane a accusé les autorités mozambicaines d'avoir «kidnappé et tué des manifestants». Cependant, le chef de l'opposition a annoncé qu'il était prêt à entamer des négociations avec le gouvernement pour mettre fin aux troubles dans le pays. «Je suis ici en chair et en os […] si vous voulez négocier, […] alors je suis prêt», a déclaré le chef de l'opposition.
«Le président du peuple mozambicain»
L’opposant, qui se présente comme «le président du peuple mozambicain», avait auparavant annoncé son arrivée sur les réseaux sociaux début 2025. Un retour qui intervient à une semaine de l’investiture du président élu, Daniel Chapo, candidat du Frelimo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance.
Venancio Mondlane avait fui le pays, après l’assassinat de deux de ses proches, en octobre dernier. Il avait lui-même déclaré craindre pour sa vie. Le parti Podemos de Mondlane avait qualifié ces meurtres d’«assassinats politiques», et les partisans de l'opposition ont protesté contre les autorités actuelles.
Plus de 300 morts depuis le début des troubles
Les manifestations au Mozambique ont commencé après le scrutin du 9 octobre, lorsque la commission électorale a déclaré la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo. Les candidats de l'opposition, les groupes de la société civile et les observateurs ont déclaré que ces élections étaient «frauduleuses». Bien que Daniel Chapo ait remporté 65% des voix, l’opposition continue de réclamer une «justice électorale», qualifiant l’élection de «volée».
Le 7 novembre, le gouvernement mozambicain a déployé des forces militaires pour réprimer les manifestations, notamment à Maputo, capitale du pays. Le 19 novembre, le chef de l'opposition Venancio Mondlane a été accusé d'avoir fomenté un coup d'État. Début décembre, des manifestants ont incendié deux bâtiments gouvernementaux.
Selon l’ONG locale Plataforma Decide, les émeutes post-électorales ont fait au moins 252 morts à la date du 26 décembre, dont au moins 125 morts durant la seule période allant du 23 au 26 décembre, soit les trois jours successifs à la confirmation de la réélection de Daniel Chapo par le Conseil constitutionnel, le 23 décembre. Le bilan s’élèverait actuellement à plus de 300 morts, à en croire des médias locaux.